mardi 5 novembre 2024 19:24

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Contre l'offensive islamophobe, un front large et massif

Opposés à une nouvelle loi « interdisant le port de signes religieux ou qualifiés comme tels dans les entreprises », les militant-e-s et sympathisant-e-s du Front de Gauche réunis dans cet appel veulent regrouper « exploité-e-s et opprimé-e-s, salarié-e-s, chômeurs et précaires pour changer les rapports de forces » et « accorder toutes leurs places aux citoyen-ne-s aux identitées forcément plurielles ».

Suite au développement des discriminations contre des mères dans l'accompagnement des sorties d'école, aux réactions à l'arrêt de la Cour de cassation dans l'affaire Baby-Loup et au projet de loi sur l'extension de l'interdiction du port du voile, nous, militant-e-s, sympathisant-e-s, électrices et électeurs du Front de gauche, voulons construire l'expression publique et collective d'une autre voix, celle de l'égalité réelle des droits pour les musulman-e-s, pour ceux et celles qui sont considérées comme tel-le-s en France et plus largement pour toutes les personnes discriminées.

Alors que la France a été condamnée par le comité des droits de l'homme de l'ONU pour sa loi du 15 mars 2004 contre les signes religieux à l'école, les offensives contre les musulman-e-s, français-e-s et étranger-e-s, vivant en France, se multiplient, alimentent un climat d'islamophobie et de racisme grandissant et renforçant des discriminations généralisées au point de faire système (contrôles policiers, emplois, logements, éducation...) contre un nombre grandissant d'habitants de ce pays, l'Etat étant en première ligne.

Le racisme s'attaque également à des populations sur le territoire européen depuis des siècles, comme le montrent la stigmatisation et le racisme institutionnel contre les populations roms. Ces attaques, bien que s'inscrivant dans un contexte spécifique à la France, participent d'une logique internationale de conflit entre « les civilisations » entretenue par les classes dirigeantes. Face à la crise économique grandissante et à l'effritement de légitimité des institutions de la Ve République, le racisme est comme autrefois utilisé pour renforcer la division des classes populaires en désignant des boucs-émissaires. Comme dans les années 1930 avec les campagnes antisémites, il s'agit en fait pour les politiques et idéologues réactionnaires de convaincre les citoyen-ne-s-français-es que l'immigration, le plus souvent extra-européenne, serait un danger pour la société.

L'Etat, et ses institutions sont un acteur central de ce phénomène. Aujourd'hui, certain-e-s envisagent un nouveau projet de loi liberticide, interdisant le port de signes religieux ou qualifiés comme tels dans les entreprises des secteurs privés et associatifs, en particulier pour les salariées s'occupant de jeunes enfants. Ce projet de loi constituerait une atteinte au droit du travail, qui renforcerait la subordination des salarié-e-s à leur employeur et constituerait une nouvelle discrimination à l'embauche.

L'interdiction du port du voile aurait pour conséquences l'exclusion des femmes qui le portent de l'enseignement, du travail, etc. Cela constituerait une atteinte aux droits des femmes et les empêcherait d'accéder à tout ce qui, historiquement, a permis leur intégration dans la société et leur émancipation, fut-elle partielle. Ces exclusions accentueraient la ghettoïsation, et donc nuiraient à la fraternité qui est un des principes et des idéaux de la République française. Il serait inconcevable qu'une telle politique soit mise en avant par la gauche. L'affaiblissement des liens sociaux et des structures de solidarité collective qui découle du fonctionnement du système capitaliste pousse au regroupement sur des bases exclusivement identitaires quand aucune alternative crédible n'apparaît. Les conditions sociales et économiques qui sont imposées à ces populations renforcent leur sentiment d'appartenance qui leur apparaît alors souvent comme un moyen d'autodéfense contre les discriminations et les ségrégations.

Attachés à la laïcité, nous considérons qu'elle est déjà protégée par la loi de 1905. Conformément à l'intention initiale de Jaurès, la laïcité a eu jusqu'à récemment pour usage de permettre à chacun-e, croyant-e ou non, de vivre en harmonie/en bonne entente, et de protéger la liberté de conscience et de garantir l'égalité des citoyen-ne-s. Elle est désormais instrumentalisée comme un outil de rejet des appartenances complexes des citoyens-nes, comme une arme de discrimination massive, comme paravent pour lancer des attaques haineuses et servir de prétexte à des lois discriminatoires !

L'islamophobie s'inscrit dans un ensemble de discriminations. Nous devons toutes les combattre à la fois par un travail théorique, politique et de terrain. Nous avons besoin d'un front large et massif, d'un bloc social, qui regroupe exploité-e-s et opprimé-e-s, salarié-e-s, chômeurs et précaires pour changer les rapports de forces et renverser la vapeur et avancer vers cette VIe République qui devrait accorder toutes leurs places aux citoyen-ne-s aux identitées forcément plurielles.

Des convergences politiques sont nécessaires. Un des principes fondateurs du Front de Gauche est l'acceptation de la diversité en son sein. Il nous est nécessaire de construire l'unité des exploité-e-s et des opprimé-e-s et de rassembler au-delà des membres d'organisations face aux nombreuses entreprises de division. Contre l'offensive islamophobe, nous, militants et sympathisants du FDG contre l'islamophobie, mènerons le débat dans nos organisations et agirons publiquement, entre autres au sein des assemblées citoyennes organisées par les collectifs locaux du FDG. Nous souhaitons élargir le dialogue et agir avec les intellectuel-le-s et les mouvements qui portent ces questions depuis plus de trente ans, en premier lieu ceux des mouvements autonomes dans les quartiers populaires et de l'immigration. Aujourd'hui comme hier, la politique se fait d'abord par et avec les personnes concernées.

Le 18 mai au matin, nous appelons à la tenue d'une réunion nationale pour poursuivre la discussion, participer aux élaborations et nous organiser: nous apporterons notre contribution au travail du Front de gauche thématique immigration racisme.

Dans un premier temps, participons massivement au rassemblement appelé par Maman toutes égales, ce réseau emblématique par sa bataille pour le droit de toutes les mamans et les papas à accompagner les sorties scolaires !

20 avril 2013

Source : Mediapart

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