14 acteurs de 23 à 70 ans, seront présents sur scène pour transmettre la mémoire, pour inciter à s'engager ...
Samedi prochain (27 avril), la troupe Kahina et Cie remonte sur scène pour présenter « Responsables mais non coupables ». Trois générations de comédiens feront vivre ou revivre l'histoire de l'immigration en France.
La troupe Kahina et Cie a été créée en 1975 en Seine-Saint-Denis, avec un spectacle rassemblant une dizaine de femmes sur scène pour dénoncer la condition de la femme arabe : « mariage forcé, le viol de la nuit de noce légalisé... ». Une troupe engagée portée par une femme qui l'est tout autant : Salika Amara. Membre fondatrice du journal Sans frontières et de radio beurs notamment, la militante avait écrit, en 2006, le spectacle « Responsables mais non coupables ». Samedi 27 avril, au Conservatoire Marcel Dadi de Créteil, Kahina et Cie reprendra une version légèrement actualisée de cette pièce.
Au commencement
Après les révoltes des banlieues, qui ont embrasé la France en 2005, Salika Amara écrit « Responsables mais non coupables ». Le but de cette militante, très active lors de la Marche pour l'Egalité en 1983, était de comprendre cette révolte : « Aujourd'hui ils ne marchent pas, ils se révoltent autrement. Ils sont responsables mais pas coupables ». Pour Salika Amara, cette révolte venait enrichir des luttes qui ont commencé après la guerre d'Algérie : « On entend souvent que les chibanis rasaient les murs, qu'ils n'ont rien fait. Mais il y avait quelque chose avant la Marche ! » Se pose alors la question de la transmission de la mémoire.
Transmission
Pour « Responsables mais non coupables », Salika Amara a repris la moitié des « anciens » de la Kahina et a ajouté une moitié de jeunes comédiens. Ce sont donc 14 acteurs, de 23 à 70 ans, qui sont présents sur scène pour faire vivre cette pièce, dans laquelle un grand-père raconte son propre parcours à son petit-fils : « Evidemment la pièce a été écrite en 2006, mais nous l'avons actualisée en ajoutant des éléments sur les dernières élections présidentielles en 2012 » précise Salika Amara.
Le combat continue
« La scène est comme une arme. Le spectacle incite à s'engager. D'ailleurs, pour les représentations, nous privilégions les endroits où les jeunes n'ont pas accès à la culture » nous explique Salika Amara. Cette militante de la première heure garde en tête les prochaines échéances électorales : « Nous allons continuer à jouer cette pièce dans toute la France jusqu'aux municipales l'année prochaine » nous dit-elle avant de poursuivre « Le 9 juin nous jouerons à Argenteuil pour récolter des fonds pour le Comité Ali Ziri [Retraité décédé le 11 juin 2009 à sa sortie de garde à vue, NDLR] ».
« Les « poings » sur les i »
« Habituellement nous jouons le soir, mais cette fois-ci le spectacle aura lieu l'après-midi pour que les familles puissent venir » confie la leader de Kahina et Cie. Cette dernière espère toucher de nombreuses personnes avec ce spectacle : « Il contient de l'émotion, de l'engagement et un humour corrosifs. J'aime mettre les « poings » sur les i. C'est un spectacle qui montre une certaine réalité qui ne se vend pas ».
« Responsables mais pas coupables », Kahina et Cie. Samedi 27 juin, Conservatoire Marcel Dadi, 94000 Créteil.
24 avril 2013, F. Duhamel
Source : Le Courrier de l'Atlas