Le site internet du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Étranger (CCME) vient de changer (http://www.ccme.org.ma/fr/). Son habillage a été entièrement revu pour être plus dynamique et plus informatif que par le passé. Ce changement traduit-il une évolution de la philosophie même du CCME ou juste une opportunité pour être au goût du jour. Pour en savoir plus, MagLor a rencontré M. Driss Ajbali, Directeur du CCME, qui a accepté d'apporter quelques réponses à nos questions sur le nouveau portail du CCME, la présence au SIEL 2013 et le devenir du CCME.
Maglor : Le site internet du CCME a été repensé avec un nouvel habillage. Pourquoi ce changement, quel est l'objectif poursuivi ou s'agit-il simplement d'une stratégie de renouvellement pour garder un public ou en conquérir un nouveau ?
Driss Ajbali : Ce n'est pas, à proprement parler, un changement, d'autant plus que c'est une adaptation à l'évolution technologique. En ayant recours au web2.0, nous adoptons une nouvelle génération de cet outil. On passe donc d'un Site institutionnel et statique à un Site qui a l'ambition de devenir rapidement interactif. Pour toutes les institutions, celles qui travaillent avec l'immigration marocaine du moins, entrer en relation avec un corps aussi massif et aussi mondialisé que celui constitué par les millions de Marocains du monde qui résident dans 51 pays, Internet est le seul instrument à avoir cette capacité. Cette possibilité est une aubaine. Elle l'est d'autant plus, sachant que 90% de nos compatriotes vivent en Europe et aux Amériques, c'est-à-dire dans des espaces où la fracture numérique est moins béante qu'elle ne l'est par exemple au Maroc. Cela est d'autant plus vrai pour les nouvelles générations qui ont des reflexes de geeks (Personnes extrêmement pointues dans les nouvelles technologies NDLR).
Maglor : Il est normal qu'une institution comme le CCME mise sur l'information et dispose d'un site internet. Mais il n'est pas toujours facile de faire la part entre la communication institutionnelle et l'information. Pour vous, quelle doit être la part institutionnelle et la part réservée à l'information sur le portail internet du CCME ?
D. Ajbali : Nous sommes et nous restons une Institution et en aucun cas, même si nous en utilisons les méthodes, nous ne voulons être un organe de presse. Notre objectif est d'être, à terme, un des pourvoyeurs de l'information sur le fait migratoire en général et sur l'immigration marocaine en particulier.
Maglor : Y a t il une ligne éditoriale du volet information du portail CCME ?
D. Ajbali : Oui. La rigueur. Toute la rigueur. Rien que la rigueur.
Maglor : Le Salon international du livre de Casablanca vient de se terminer, la presse a salué la présence remarquée du CCME, avec la participation des écrivains, des spécialistes de la question migratoire, du dialogue inter-religieux, de la question de la pratique de l'Islam en Europe...quel bilan vous tirez du SIEL 2013 ?
D. Ajbali : Très positif. Le stand du CCME, de l'avis de tous, était un bel écrin dans lequel s'est déployée une triple programmation : Des débats qui sont, aujourd'hui, au cœur de la problématique migratoire, particulièrement en Europe et qui abordent la lancinante question de crispations identitaires. Des débats qui ont mis en face du public les différents groupes de travail du CCME pour des échanges francs et sans tabous. Enfin le stand a chaleureusement accueilli la littérature africaine et caribéenne, comme invité et surtout pour le partage des questions qui touchent à l'identité, la discrimination, les rapports de domination...
Maglor : On a vu aussi, que les rendez vous du CCME au SIEL ont été consacrés aux six groupes de travail du CCME qui ont présenté leurs travaux, est ce que finalement c'était l'occasion rêvée dans un cadre culturel international de présenter le bilan du CCME ? et puis 45 mn est ce suffisant pour présenter un bilan d'activités de quatre ans ?
D. Ajbali : Le seul endroit où le bilan du CCME peut-être présenté officiellement, c'est devant les instances du CCME et en particulier sa plénière, qui celle-ci pas encore eu lieu. Là, il s'agissait pour les groupes d'aller au devant du public pour exposer la dynamique propre à chaque groupe et surtout répondre de façon transparente aux questionnements du public. Mais plus important que cela, nous avons plus de 80 heures d'enregistrement de tous les débats, et en ce sens, l'avènement du nouveau portail sera utile pour partager, avec le maximum de monde et à travers la planète, les échanges qui ont eu lieu durant la dizaine de jours qu'a vécu le SIEL.
Maglor : On assiste depuis quelques mois à un CCME dynamique, communiquant et offensif, pourquoi ce changement de stratégie?
D. Ajbali : Je suis, pour ma part, heureux qu'on puisse poser cette question dans ces termes. Elle est en soi le quitus et le témoignage que le travail des salariés du CCME est palpable. Il n'y a pas de changement de stratégie. Tout le monde s'accorde à dire que, dans notre domaine, nous avons un vrai savoir faire et c'est même notre marque de fabrique. Nous nous sommes juste employés à mieux le faire savoir. Mais la question ne doit pas devenir une affaire cosmétique ou de communication. Les membres du CCME, en tant qu'immigrés, mais aussi le staff, sommes collectivement conscients de la complexité des questions qui se posent aux communautés marocaines du monde. Il y a énormément de sujets qui ont été travaillés et sur lesquels nous avons aujourd'hui une connaissance rigoureuse apte à éclairer les politiques publiques. Il reste cependant beaucoup à faire, et cela concerne aussi bien le CCME que les autres acteurs du paysage institutionnel, pour répondre aux demandes, toujours renouvelées, des Marocains du monde.
Maglor : Un dernier mot. Comment vous voyez l'avenir du Conseil de la Communauté Marocaine de l'Etranger ?
D. Ajbali : D'abord l'Institution a maintenant un passé. Il faut en tirer tous les enseignements. Jamais une institution au Maroc n'a été autant décriée que la nôtre, et le plus souvent injustement. Dans le même temps, aucune autre institution au Maroc n'a été précédée par une consultation aussi large que celle initiée par le CCDH. Je défie quiconque de me dire le contraire. Maintenant, il y a des critiques légitimes, il faut toutefois savoir raison garder.
Avec la nouvelle Constitution. Il faut tout mettre à plat. Nous sommes dans une nouvelle séquence. L'avenir du futur Conseil sera défini par la loi. Cette loi doit être la mise en œuvre de l'esprit qu'a insufflé la Constitution dans son article 163. Elle doit être cette loi, et au regard de l'expérience du premier mandat du CCME, plus pertinente et plus aboutie. Pour faire, et bien faire, sa genèse doit être précédée d'un débat national, démocratique, transparent et s'il le faut massif. Ce débat doit impliquer l'essentiel des acteurs de la société civile marocaine de l'étranger, mais aussi toutes les parties prenantes : acteurs institutionnels marocains, partis politiques, gouvernement, et ce, pour avoir un temps d'échanges féconds. Non seulement sur l'article 163 mais aussi sur les articles 16, 17, 18 et pourquoi pas l'article 30.
Enfin et pour conclure, le CCME se doit d'être pensé comme la maison de tous les Marocains du monde. C'est donc ensemble qu'il nous revient d'en construire les fondations, solides et durables.
Source : Maglor