Des incidents ont éclaté entre policiers et migrants lorsqu'environ 70 clandestins sont parvenus à franchir la barrière grillagée séparant le Maroc de l'enclave espagnole de Melilla, a indiqué vendredi la préfecture qui a annoncé un nouveau renfort de la sécurité.
Six immigrants ont reçu des soins pour "contusions légères" et un policier ainsi que deux gardes civils pour "contusions légères et morsures", a affirmé la préfecture dans un communiqué.
Entre 150 et 200 migrants ont organisé "un assaut massif à la frontière et 70 d'entre eux ont réussi à passer les lignes frontières" jeudi soir, a indiqué le préfet Abdelmalik El Barkani dans une conférence de presse.
De son côté, l'ancien président de l'enclave et chef de l'opposition Mustafa Aberchan a affirmé à la presse qu'une trentaine de migrants s'étaient réfugiés chez lui et a dénoncé l'attitude "violente" de certains policiers.
Mustafa Aberchan a raconté être venu à l'aide de 31 immigrants dont six ensanglantés par diverses blessures et d'autres qui présentaient des symptômes d'asphyxie dus aux fumigènes utilisés par la police.
Prévenu jeudi par un ami que des incidents avaient éclaté près de son domicile, le chef du parti d'opposition de gauche CPM s'est rendu sur les lieux où il a découvert un groupe d'immigrants bloqués dans une rue par la police, dans des conditions "scandaleuses et inhumaines", a-t-il raconté dans une conférence de presse.
"J'ai vu certains actes isolés de violence de la part d'agents et j'ai clairement dit que j'allais ouvrir la porte du garage, ce que j'ai fait", a-t-il affirmé.
Il a ajouté qu'il détenait des enregistrements, qu'il fournira aux services juridiques de son parti, assurant que les immigrants, torses nus, "ne possédaient aucun instrument pour agresser".
Le préfet a quant à lui jugé injuste la tentative "de certains de criminaliser les forces de l'ordre" et a renouvelé son soutien à la Garde civile.
"Le drame de l'immigration ne peut pas être utilisé pour nous faire plier face au chantage des mafias, qui utilisent des femmes enceintes et des mineurs", a-t-il encore affirmé.
Soulignant une "pression migratoire extrême sur Melilla", il a annoncé "renforcer les effectifs de la Garde civile à Melilla avec une plus grande présence de l'hélicoptère de sécurité".
Le 21 avril, six policiers espagnols avaient été blessés, souffrant d'hématomes et d'égratignures, en voulant empêcher une quinzaine de migrants d'Afrique subsaharienne armés de bâtons et de couteaux d'entrer à Melilla depuis le Maroc par la mer.
Le 11 mars, une cinquantaine de migrants venus d'Afrique noire étaient parvenus à passer la barrière à Melilla. 25 personnes avaient été blessées, dont un Camerounais âgé de 30 ans, décédé de ses blessures le 18 mars à l'hôpital au Maroc, d'après l'Association marocaine des droits de l'homme.
Melilla, peuplée de 80.000 habitants, est la seule frontière terrestre de l'Union européenne avec le continent africain, avec l'autre enclave espagnole de Ceuta sur la côte marocaine, attirant de nombreux migrants africains désireux de passer en Europe.
Fin 2012, des associations de défense des droits de l'homme ont affirmé que 20.000 à 25.000 clandestins originaires du Sud du Sahara se trouvaient sur le sol marocain. Rabat affirme que la plupart d'entre eux entrent dans le royaume via la longue frontière avec l'Algérie.
26 avr 2013
Source : AFP