L'Office national italien contre les discriminations raciales (UNAR) a demandé l'ouverture d'une instruction au sujet de la campagne de dénigrement menée par certains sites internet contre la ministre italienne d'origine congolaise, Cécile Kyenge, première femme de couleur à accéder à un poste gouvernemental en Italie, rapporte mercredi la presse italienne.
Des injures racistes à l'endroit de la ministre de l'intégration dans le gouvernement d'Enrico Letta, qui vient d'obtenir la confiance du parlement, ont pullulé, ces derniers jours, sur plusieurs sites de groupes d'extrême droite et néo-nazis, suite à des propos tenus par un eurodéputé issu du parti populiste et anti-immigrés, la Ligue du Nord.
Après avoir traité, dans un premier temps, Mme Kyenge d'"incompétente" et de "figure de ménagère", cet eurodéputé, Mario Borghezio, a haussé le ton d'un cran en parlant, mardi, d'un gouvernement de "Bonga-Bonga", par ironie pour les origines africaines de la ministre.
La campagne de dénigrement dirigée contre la ministre a suscité de fermes réactions de condamnation au sein de la classe politique italienne, notamment dans les rangs du Parti démocrate (PD-gauche) dont elle est membre, qui lui a manifesté sa totale solidarité.
Sa collègue au sein du gouvernement et du parti, la ministre de l'égalité des chances et du sport, Josefa Idem, qui a suggéré l'ouverture de l'instruction en question, a appelé à la suppression des expressions racistes utilisées sur lesdits sites à l'encontre de Mme Kyenge. Ces expressions ne relèvent aucunement de la liberté d'expression, a souligné cette ministre d'origine allemande.
Pour sa part, la présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, du parti "Gauche, Ecologie, Liberté" (SEL-opposition) a dénoncé "des insultes indignes d'un pays civilisé", soulignant que "la vulgarité raciste à l'égard d'une personne sur la base de sa couleur de peau n'est aucunement tolérable".
Mme Kyenge, 49 ans, s'est vue attribuer, en fin de semaine dernière, le portefeuille de l'intégration, un poste qui cadre parfaitement avec le combat qu'elle mène notamment en faveur des immigrés.
Résidant en Italie depuis 1983 où elle exerce en tant qu'ophtalmologue, elle est connue pour son action visant la réforme de la loi sur la citoyenneté, qui est basée pour l'heure en Italie sur le seul droit du sang.
Mme Kyenge, qui milite en faveur de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés dans la Péninsule de parents étrangers, compte également parmi les fervents défenseurs de l'abrogation du délit d'immigration clandestine, entré en vigueur en 2009, sous l'impulsion du ministre de l'intérieur, Roberto Maroni (Ligue du nord), l'un des membres les plus influents à l'époque du gouvernement de Silvio Berlusconi.
Elle milite aussi pour rendre le marché du travail plus accessible aux étrangers et pour "lutter contre la violence sexiste, raciste et de toute autre nature".
La nomination de Mme Kyenge a été saluée par plusieurs personnalités politiques pour qui il s'agit d'un signal qui "démontre avec cohérence" la volonté de croire en une Italie "plus intégratrice et vraiment multiculturelle".
01 mai 2013
Source : MAP