lundi 4 novembre 2024 19:22

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La ministre italienne d'origine africaine : l'Italie n'est pas un pays raciste

"L'Italie n'est pas un pays raciste, c'est un pays qui a une culture d'accueil bien enracinée", a assuré la ministre italienne d'origine congolaise, Cécile Kyenge, première femme de couleur à accéder à un poste gouvernemental en Italie.

Mme Kyenge, qui a été l'objet ces derniers jours d'une vaste campagne de dénigrement orchestrée par des milieux d'extrême-droite sur des sites internet, a admis cependant l'existence d'un déficit de connaissance de l'Autre et d'un manque de prise de conscience de la richesse que représente la diversité.

"De ces attaques, j'ai appris beaucoup de choses", a indiqué la ministre citée par l'agence Ansa en exprimant, par ailleurs, sa fierté "d'être noire".

Elle a demandé, à cet égard, qu'on cesse de dire qu'elle est une femme "de couleur". "Je ne suis pas une femme de couleur, je suis noire et je le dis avec fierté", a-t-elle clamé.

"Il faut certes donner des réponses à de nombreux enfants d'étrangers qui naissent et grandissent en Italie et qui ne se sentent ni Italiens, ni citoyens du pays d'origine de leurs parents" mais "les choses peuvent changer sans hurler", a affirmé Mme Kyenge au sujet de la loi sur la citoyenneté dont l'amendement lui tient particulièrement à cœur.

"Je fais partie d'un gouvernement constitué de plusieurs forces politiques et nous devons donc chercher un espace commun et un terrain en partage, toujours dans le respect de l'autre sans jamais user d'offense", a-t-elle souligné.

Le gouvernement italien a ordonné l'ouverture d'une enquête sur les injures racistes proférées à l'encontre de Mme Kyenge, à la demande de sa collègue en charge du portefeuille de l'Egalité des chances et du sport, Josefa Idem, une Allemande naturalisée italienne.

Depuis sa nomination, en fin de semaine dernière, au sein du gouvernement de coalition formé par Enrico Letta, du Parti démocrate (PD-Gauche), des milieux essentiellement d'extrême-droite se sont déchainés contre la ministre la désignant notamment de "guenon congolaise", de "Zouloue" ou encore de "la noire anti-italienne".

Dans le cadre de cette même campagne, un eurodéputé issu du parti populiste et anti-immigrés, la Ligue du Nord, a traité Mme Kyenge d'"incompétente" et de "figure de ménagère".

Mario Borghezio a qualifié également le nouveau exécutif italien de gouvernement de "Bonga-Bonga", par ironie pour les origines africaines de la ministre.

La campagne de dénigrement dirigée contre la ministre a suscité de fermes réactions de condamnation au sein de la classe politique italienne, notamment dans les rangs du PD dont elle est membre, qui lui a manifesté sa totale solidarité.

Au nombre de ces réactions, figure celle de la présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, du parti "Gauche, Ecologie, Liberté" (SEL-opposition) qui a dénoncé "des insultes indignes d'un pays civilisé", soulignant que "la vulgarité raciste à l'égard d'une personne sur la base de sa couleur de peau n'est aucunement tolérable".

Le portefeuille attribué à Mme Kyenge, 49 ans, cadre parfaitement avec le combat qu'elle mène notamment en faveur des immigrés.

Résidant en Italie depuis 1983 où elle exerce en tant qu'ophtalmologue, elle est connue pour son action visant la réforme de la loi sur la citoyenneté, qui est basée pour l'heure en Italie sur le seul droit du sang.

Mme Kyenge, qui milite en faveur de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés dans la Péninsule de parents étrangers, compte également parmi les fervents défenseurs de l'abrogation du délit d'immigration clandestine, entré en vigueur en 2009, sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni (Ligue du nord), l'un des membres les plus influents à l'époque du gouvernement de Silvio Berlusconi.

Elle milite aussi pour rendre le marché du travail plus accessible aux étrangers et pour "lutter contre la violence sexiste, raciste et de toute autre nature".

La nomination de Mme Kyenge, qui est l'une des sept femmes ministres du gouvernement Letta, a été saluée par plusieurs personnalités politiques pour qui il s'agit d'un signal qui "démontre avec cohérence" la volonté de croire en une Italie "plus intégratrice et vraiment multiculturelle".

04 mai 2013

Source : MAP

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