jeudi 4 juillet 2024 22:21

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Droit d'asile : les Suisses, angoissés, remettent en question leur tradition d'accueil

En plein débat sur l'asile, la Suisse donne l'impression d'avoir basculé trop à droite, à moins de quatre semaines d'un très attendu vote populaire sur la révision d'une loi jugée draconienne par la Gauche et les Verts à l'égard des requérants.


C'est la quatrième fois en l'espace de 20 ans que la loi en question refait surface dans l'agenda politique et est soumise au verdict des urnes.
La privation de l'aide sociale, la limitation du regroupement familial et, dans certains cas, la suppression du statut de réfugié sont des mesures parmi d'autres adoptées d'urgence par les partis du Centre et de la Droite conservatrice.
Ce tour de vis montre à quel point le scepticisme et la crainte de l'Autre gagnent du terrain dans un pays pourtant connu pour sa longue tradition humanitaire.
"Il y a besoin urgent d'agir. Non seulement les demandes d'asile se font de plus en plus nombreuses, mais il faut dire aussi que des risques de déstabilisation de la sécurité par des requérants criminels et asociaux sont bien réels", déplore Heinz Brand, de l'Union démocratique du centre (droite).
Pour la députée du Parti démocrate-chrétien (centre-droit), Ruth Humbel, "il ne passe pas un jour sans que nous lisons des articles au sujet de requérants d'asile violents, criminels et dealers. Même s'il s'agit d'une minorité, elle suscite crainte et aversion au sein de la population".
"Nous devons prendre cette peur au sérieux. Le peuple attend de nous une intervention rapide et décisive", insiste-t-elle devant l'assemblée fédérale (parlement).
En l'état actuel des choses, les partis de droite (majorité) ont tendance à invoquer "l'angoisse et le mécontentement des citoyens" lesquels se manifestent, selon eux, à travers "les résistances croissantes contre l'ouverture de nouveaux centres d'accueil".
Et pour cause, l'afflux sans précédent des demandeurs d'asile qui a suivi le Printemps arabe, combiné au climat d'austérité et de crise économique en Europe, a donné naissance à une nouvelle réalité. Cette réalité a en effet relancé le débat sur les défis de l'intégration et de la criminalité, mais elle a surtout radicalisé un pan de la scène politique, plus enclin que par le passé à exiger un durcissement des conditions d'entrée des étrangers.
Les images de milliers de Tunisiens, de Libyens et, plus récemment, de Syriens fuyant l'instabilité dans leur pays depuis 2011 pour rejoindre l'Europe ne sont pas sans lien avec ce nouveau tour de vis dans la politique d'asile.
Les "migrants économiques" sont les premières cibles de la révision de la loi sur l'asile au sein de la Confédération helvétique, puisque moins de 20 pc des requérants seulement sont reconnus comme étant en situation de réfugiés à proprement parler.
D'ici le 9 juin, la campagne en cours ne manquera pas de donner lieu à des débats passionnés, au cours desquels partisans et détracteurs de la révision de la politique d'asile auront fort à faire pour convaincre à coups de statistiques, de principes moraux et d'arguments socio-économiques.
Plus modéré sur ce dossier, l'expert suisse Jean-Noël Wetterwald, ancien coordinateur régional du HCR pour l'Asie du Sud-Est, souhaite que les échanges puissent se passer des stigmatisations et des dérapages xénophobes pour faire prévaloir, avant tout, le respect de la dignité des requérants d'asile.
Entre-temps, la classe politique assume la responsabilité de répondre aux inquiétudes exprimées sans pour autant succomber à la tentation de saper les fondements actuels du droit moderne des réfugiés, estime-t-il.
Selon l'Office fédéral des migrations, 28.631 demandes d'asile ont été déposées durant l'an dernier en Suisse, soit une hausse de 27 pc (plus de 6.000) par rapport à 2011. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis l'afflux record enregistré en 1999 avec 47.513 demandes.
Les principaux pays de provenance des requérants d'asile sont l'Erythrée, la Tunisie, la Syrie, la Serbie (1889) et l'Afghanistan (1386).
En revanche, au premier trimestre 2013, la Suisse a enregistré 5.759 demandes d'asile, soit 612 de moins (-9,6 pc) que lors du trimestre précédent, et même 19,5 pc de moins que durant le premier trimestre 2012.
09 mai 2013, Abdellah CHAHBOUN
Source : MAP

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