dimanche 24 novembre 2024 18:26

Ottawa revoit son programme de réunification familiale

Les gens qui souhaitent voir leurs parents et leurs grands-parents s'installer au Canada devront avoir un salaire plus élevé et accepter de soutenir financièrement leurs proches à compter de l'an prochain.

Il en sera ainsi en raison de modifications apportées dans le cadre de la refonte du programme canadien de réunification familiale, dévoilées vendredi par le ministre de l'Immigration, Jason Kenney.

Le nombre colossal de dossiers en attente - environ 165 000 - et le temps d'attente élevé du traitement des demandes - environ huit ans - a motivé la révision du programme par le gouvernement, qui a cessé d'accepter les nouvelles applications en 2011.

Citoyenneté et Immigration Canada acceptera de nouveau des demandes pour le Programme des parents et grands-parents (PGP) à compter du 2 janvier 2014. D'ici là, Ottawa prévoit que l'arriéré de dossiers et les délais du programme auront été réduits de moitié.

Le gouvernement acceptera également 5000 nouvelles demandes de parrainage en 2014.

La réforme du programme prévoit par ailleurs la délivrance d'un visa pour entrées multiples valide de 10 ans pour les parents et les grands-parents.

Selon le ministre Jason Kenney, les changements apportés au programme ne visent pas seulement à régler l'arriéré des dossiers.

«Nous avons un choix: nous pouvons choisir d'avoir un programme pour la réunification de la famille élargie ou pas», a-t-il fait valoir vendredi lors d'une conférence de presse à Mississauga, en Ontario.

«En tant que gouvernement, nous choisissons de nous doter d'un tel programme. Nous choisissons d'avoir un tel programme qui correspond à nos limitations fiscales en tant que pays et aux limitations de notre système de santé», a poursuivi le ministre.

Les données fournies par Ottawa suggèrent qu'environ trois pour cent des parents et grands-parents parrainés sont bénéficiaires de l'aide sociale. Ce chiffre bondit à 20 pour cent si les parrains canadiens n'ont plus l'obligation d'éponger la facture.

L'âge médian des candidats est de 65 ans, et près de 44 pour cent de l'ensemble de l'argent investi dans le système de santé est consacré aux soins pour les personnes de ce groupe d'âge.

Ceux qui se proposent donc pour parrainer des parents et des grands-parents devront désormais avoir un salaire supérieur de 30 pour cent au revenu vital minimum (RVM) et le prouver en présentant les documents d'impôt sur le revenu des trois dernières années.

Ils seront aussi tenus de s'engager à payer les coûts des soins de santé non couverts par les régimes de santé provinciaux pour les parents et les grands-parents, et ce, pour une période de 20 ans et non de 10 ans comme c'était le cas auparavant.

Le PGP permettra aussi, à l'avenir, de parrainer des frères et des soeurs si ces derniers sont considérés comme des «enfants à charge».

Les modifications proposées à la définition d'«enfant à charge» abaisseraient la limite d'âge en la faisant passer à moins de 19 ans et supprimeraient l'exception prévue à cet égard pour les étudiants à plein temps.

«Les familles me disent qu'ils veulent accueillir leurs parents au Canada sans que ceux-ci ne deviennent des fardeaux pour les contribuables canadiens, mais apparemment, un nombre important et croissant d'entre eux finissent par devenir des fardeaux», a exposé Jason Kenney.

«Cela est déraisonnable», a-t-il tranché.

La porte-parole néo-démocrate en matière d'immigration estime que le gouvernement invente un problème en faisant référence au fardeau que représenteraient les parents et grands-parents qui ont été parrainés pour entrer au Canada.

Cela démontre essentiellement que les conservateurs ne sont pas sérieux lorsqu'ils parlent de réunification familiale, a plaidé Jinny Sims.

«Et s'ils le sont, c'est seulement pour ceux qui sont très riches, ce n'est pas pour tout le monde», a-t-elle fait valoir.

La députée de Newton-Delta-Nord en Colombie-Britannique a également plaidé qu'il était «déraisonnable» d'exiger d'un aspirant parrain qu'il maintienne un niveau de revenu stable pendant trois ans étant donné la précarité de la situation économique.

10 mai 2013,Stephanie Levitz

Source : La Presse Canadienne

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