Le 8 décembre 1975, le gouvernement algérien ordonne l'expulsion des ressortissants Marocains établis sur le territoire algérien depuis des décennies. Ces milliers de personnes (on parle de 45.000 familles et 350.000 personnes), intégrées depuis des années en Algérie ont été expulsées du jour au lendemain, vers le Maroc.
Alors que le débat a été relancé à maintes reprises, notamment après la guerre de déclarations entre la diplomatie algérienne et marocaine, rien n'a changé depuis les années 75. Ce vendredi, le Sénat de Belgique organisera un colloque, initié par Fatiha Saïdi, sénatrice belgo-marocaine, née en Algérie.
Tout d'abord, quel est l'objectif de ce colloque ?
L'objectif principal de ce colloque est d'objectiver les faits de manière académique et sous l'angle du droit international, et de faire un petit rappel en présence des témoins. Je pense que maintenant les faits ont été connu mais ils manquent davantage d'objectivation pour sortir de l'émotion et faire en sorte que ces faits soient réellement des faits inscrits dans l'histoire.
Pourquoi selon vous, ce dossier n'avance toujours pas, malgré la mobilisation de plusieurs acteurs ?
On est là face à un sujet qui est extrêmement sensible et délicat. En tant que femme politique, je suis tout à fait consciente de cet état de fait. Malheureusement, il n'y a eu aucun moment de sérénité pour que les deux parties (le Maroc et l'Algérie, ndlr) se mettent à table et abordent tous les points. Je pense que ce dossier est complètement bloqué, mais nous faisons en sorte de le sortir de l'oubli. Ce n'est pas pour une question de diplomatie qu'il faut sacrifier la mémoire de milliers de Marocains expulsés d'Algérie. Je refuse que les personnes fassent l'objet de marchandage politique.
Quelles sont les actions menées parallèlement à ce colloque ?
J'ai déposé une résolution au Sénat belge en janvier 2012, en demandant aux deux Etats, le Maroc et l'Algérie, de s'auto-saisir de cette question, pour faire en sorte que cette histoire soit connue. Il y a des archives, tant au Maroc qu'en Algérie, sur ces Marocains. Ces gens, leurs enfants et leurs petits enfants ont le droit de savoir ce qui s'est réellement passé en 1975 ? Pourquoi ils ont été expulsés? Était-ce une question de revanche politique ? Ce sont des questions essentielles. J'étais très heureuse d'apprendre que le sujet fait actuellement l'objet d'une thèse en France, il existe également des articles académiques et des mémoires faits sous la direction d'historiens.
17/5/2013, Yassine Benargane
Source : aufait
