Depuis quand réformer le système d'immigration américain est-il si facile, se demande The Atlantic ? Probablement depuis que les clans républicain et démocrate ont chacun intérêt à régler les dysfonctionnements du sytème actuel, vingt-sept ans après sa précédente refonte. En 1986, sous la présidence du républicain Ronald Reagan, le Congrès avait voté des régularisations massives.
Mardi soir, le comité judiciaire du Sénat américain, bipartisan, a adopté la modification de la loi sur l'immigration. Elle ouvrirait aux 11,5 millions de sans-papiers installés aux Etats-Unis la voie de la régularisation, au bout de treize ans de présence sur le sol américain et sous conditions : ne pas dépendre des aides sociales ni avoir commis de délit majeur.
EXAMEN PAR LE SÉNAT EN JUIN
Après l'échec de la réforme sur la régularisation de la vente des armes à feu, il s'agit d'une étape importante pour Barack Obama, qui a fait de l'immigration le cheval de bataille de son second mandat. Pour les républicains, être associés à ce chantier envoie un signal fort en direction des électeurs hispaniques, qui représentent une part croissante des votes américains (Boston Globe).
Fruit de compromis entre les deux camps (plus de 200 amendements ont été passés en revue), la loi est jugée "quasi intacte" par rapport à sa version initiale (Washington Post, Mother Jones).
Pourtant, pour éviter de "mettre en péril son avenir", plusieurs sacrifices ont été faits par le camp démocrate et un certain nombre des exigences formulées par les républicains ont été accordées (Time). Parmi les propositions démocrates écartés, une mesure qui aurait permis aux couples homosexuels d'être considérés à l'égal des couples hétérosexuels pour les procédures de regroupement familial (NPR). Les républicains ont, de leur côté, obtenu un renforcement de la sécurité à la frontière avec le Mexique ou encore la mise en place d'un système informatique pour identifier les personnes restant sur le territoire au-delà de la date d'expiration de leur visa.
Le résultat a d'ailleurs été salué par certains républicains parmi les plus conservateurs, note le CS Monitor. Et Obama de déclarer : "Aucun membre de la commission n'a eu tout ce qu'il voulait, moi non plus." Selon le président et de nombreux éditorialistes, ce qui compte, c'est que cette réforme soit menée à bien (LA Times, NY Times).
Mais la route est encore longue (USA Today). Après le Sénat en juin, la loi sera présentée à la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains.
23.05.2013
Source : Le Monde