vendredi 5 juillet 2024 00:21

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Suède: "La colère gronde" dans les banlieues

Des dizaines de voitures brûlées, des écoles endommagées, un centre culturel incendié, un poste de police attaqué : les banlieues populaires de Stockholm, à forte concentration d'immigrés, connaissent depuis la nuit de dimanche à lundi des émeutes violentes - une onde de choc dans la paisible Suède.


Tout a commencé le 12 mai lorsque la police a abattu un homme de 69 ans, d'origine étrangère, armé d'une machette, chez lui, à Husby, au nord-ouest de la capitale suédoise. "Nous sommes convaincus que les policiers ont surréagi en tirant plusieurs balles sur un homme seul. Ils n'avaient pas des barbares en face d'eux", explique David Quintanilla, de l'organisation Megafonen, qui lutte pour une meilleure justice sociale pour les jeunes de banlieues. Ce que le mouvement qualifie de "meurtre" est à l'origine des émeutes quelques jours plus tard.
Les troubles, qui ont éclaté à Husby, se sont propagés à d'autres banlieues de la capitale. Pendant trois nuits consécutives, des centaines de jeunes, le visage masqué, ont incendié voitures et poubelles, brisé les vitres des bâtiments publics et privés, affronté la police et les pompiers à coups de pierres et de bouteilles.
A Husby, une ville-satellite de 12 200 habitants, dont 65 % sont nés à l'étranger, Kävan Johan Maha, 10 ans, est resté éveillé toute la nuit de mardi. "C'était comme dans un film américain. Des voitures en feu qui explosent, de la fumée partout. C'était presque irréel, mais un bien triste spectacle", confie-t-il au quotidien "Dagens Nyheter". "La plupart de mes copains dit que ce sont des gangsters et que c'est cool. Mais je ne le pense pas", ajoute-t-il, "désolé" de voir son quartier dévasté.
Bo Hogland, un retraité de 69 ans, est resté incrédule face à cette flambée de violences. "J'ai travaillé à Kaboul pour l'Union européenne et l'Onu. Je m'attendais à ce que des choses pareilles surviennent là-bas, mais je n'ai jamais cru que cela pouvait se passer à Husby", un endroit où il se "sent bien" et qu'il "ne veut pas quitter".
"Hooliganisme"
Husby, derrière ses immeubles proprets, "la colère gronde", dit Rami, un jeune de 22 ans, qui en veut à cette société "qui ne me donne pas de travail" et à la police "raciste, qui nous traite de rats, de nègres et de singes". Une frustration d'une certaine jeunesse confirmée par les statistiques : Husby compte plus de chômage et de décrochage scolaire qu'ailleurs, et les revenus pour ceux qui travaillent sont beaucoup moins élevés que la moyenne nationale.
Pour Durad Al-Khamissi, journaliste qui vit à Husby, "les jeunes expriment leurs frustrations par la violence", rejetant la faute sur "un système qui, pendant des années, a discriminé, marginalisé, créé le chômage et la haine" dans l'esprit et le cœur d'une certaine jeunesse désenchantée.
Mais "la violence n'est pas la solution", martèle le Premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt, au lendemain de la deuxième nuit d'émeutes. Il accuse une minorité de jeunes qui "croit qu'on peut et qu'on doit changer la société par la violence". Pour lui, "la violence n'est pas la réponse aux problèmes", le conflit actuel "ne peut être résolu que par les habitants de Husby eux-mêmes, les parents en premier, qui doivent dire stop et ramener le calme".
Cependant, le professeur de criminologie, Jerzy Sarnecki, pense que ce sont "le chômage, le manque d'éducation, l'absence de foi en l'avenir et une aversion de la police et de l'Etat" qui ont mis le feu aux poudres. "Ce qui se passe dans nos banlieues est le résultat direct d'une politique d'immigration irresponsable qui a créé de profondes déchirures dans la société", enchérit le député social-démocrate d'opposition, Jimmy Akesson. "Et ce n'est pas avec plus de moyens financiers qu'on résoudra le problème des banlieues", ajoute-t-il, appelant "à terme, à restreindre fortement l'immigration pour alléger la pression sur les banlieues".
Pour le Premier ministre, il est nécessaire "de dire que nous avons tous une responsabilité dans les événements de Husby et d'autres banlieues. Mais il est tout aussi important de souligner que recourir à la violence n'est pas un exemple de liberté d'expression, mais de hooliganisme."
23/05/2013, Slim Allagui
Source : Lalibre.be

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