Casablanca a abrité récemment une rencontre des jeunes Congolais de France et du Maroc sur le thème «Conscientisation de la jeunesse: les valeurs du patriotisme».
Organisée à l’initiative du Collectif des jeunes Congolais de la diaspora (CJCD), une plateforme d’échanges et de contributions multidisciplinaires, avec le soutien du Comité Mwanda N’deya, cette rencontre a vu la participation des étudiants, stagiaires et professionnels congolais des principales villes du Maroc.
Intervenant à l’ouverture de cette manifestation, le président du CJCD, Claude Menda, a souligné l’importance de conscientiser la jeunesse d’aujourd’hui qui constitue l’avenir du Congo. Un travail de pédagogie entamé en France et que le CJCD a voulu élargir à d’autres pays, notamment le Maroc.
Au-delà de la proximité géographique avec la France, cette initiative répond à la nécessité d’approfondir les échanges sur ce thème qui fera l’objet d’un grand forum à Paris, a-t-il souligné. Et de rappeler qu’il a été lui-même membre de la diaspora congolaise du Maroc et a milité au sein de l’Association des Congolais résidant au Maroc (ACOREM).
«Nous sommes venus ici sans avoir la prétention de donner des leçons à nos compatriotes congolais du Maroc», a d’emblée souligné Fila Rodrigue, membre du CJDC et administrateur du Comité Mwana N’deya-Diaspora. «Le but de cette rencontre est de confronter nos idées afin de tirer des enseignements qui pourraient nous aider dans ce domaine en vue de servir notre pays et de combattre les tendances destructrices», a-t-il déclaré.
Intervenant sur le thème «La culture et le sport comme facteurs de conscientisation», Brice Massamba Malanda, formateur-American express, a, pour sa part, déploré la perte de certaines valeurs dont la fierté patriotique chez les Congolais. Avant d’inviter l’assistance à «réfléchir ensemble pour voir comment initier des festivals sponsorisés par la diaspora, soutenir des jeunes talents musicaux évoluant au Maroc, redonner le goût de la lecture et promouvoir nos propres langues».
Chargé des relations publiques du projet culturel «Diables rouges concept», Van Manchette s’est penché sur le déclin des valeurs sportives et culturelles. Selon lui, leur valorisation doit passer par la musique.
Exposant la vision du projet «Diables rouges concept» dont il est l’initiateur, Vladimir Evilenko a saisi cette occasion pour rappeler : «La culture permet l’union de tout un peuple, de reconquérir le leadership de chacun d’entre nous, main dans la main, afin de reconstruire l’avenir du pays».
Jean-Jacques Pambou et Aristide Dougoma, respectivement secrétaire général et chargé des affaires juridiques au sein du CJCD, se sont, tour à tour, exprimés sur la «Conscientisation et engagement».
Pour le premier, «l’amour de la patrie est synonyme de conscience patriotique». Citant en exemple les boursiers de l’Etat, il a invité les Congolais à être reconnaissants envers le pays pour tout ce qu’il leur a apporté, estimant que «dénigrer son pays est une preuve d’inconscience», a-t-il martelé. Focalisant son intérêt sur «les valeurs de notre pays», le second intervenant a, pour sa part, appelé à respecter la loi.
La deuxième partie de la rencontre a porté sur la femme en tant que catalyseur dans la conscientisation. A ce sujet, Anita Bahonda, chargée de l’administration financière (CJCD), a dénoncé les injustices à l’égard de la femme et déploré les discriminations sociales dont elle est encore victime tout en fustigeant les tabous autour du viol conjugal et du mariage forcé.
Sa collègue Edwige Gondzia, chargée de l’éducation et de l’insertion professionnelle, a rappelé, de son côté, que la femme étant porteuse de la vie, «elle est l’essence même de la société et donc joue un rôle prépondérant dans l’éducation et la conscientisation».
Alban Besse, consultant formateur et fondateur de Bevolus Consulting, est intervenu sur le développement personnel qu’il estime à même de contribuer à la conscientisation de la jeunesse congolaise et de valoriser les talents et les potentialités de chacun. «Il est indispensable de s’appuyer sur l’individu pour tendre vers le collectif», a-t-il lancé.
Enfin, les participants se sont interrogés sur le rôle que peut jouer la religion dans la conscientisation, à travers les exposés de Nathan Tsotsa, chef du département environnement, et de Bak Pika, formateur. Pour le premier, elle peut constituer un vecteur de conscientisation susceptible de rassembler et de briser les barrières entre les personnes tandis que pour le second, prise au premier degré (valeurs et vertus), elle a déjà fait ses preuves en Afrique du Sud et au Congo lors de la «Conférence nationale».
Notons que les participants ont dans l’ensemble apprécié la qualité des communications et des débats dont le niveau était élevé. Ils ont appelé à démocratiser l’information, redynamiser les associations et inviter celles-ci à se concentrer sur la plus-value que peuvent apporter les Congolais à leur pays.
Créé en 2003, le CJCD réunit intellectuels, cadres, universitaires et experts de différents domaines dans l’objectif de partager des connaissances, des expériences et surtout d’identifier les nouvelles actions grâce auxquelles le potentiel de la diaspora congolaise, au Maroc, en France et en Europe peut être valorisé et accompagner des projets tournés vers le développement de l’Afrique.
26 Avril 2014, Alain Bouithy
Source : Libération