jeudi 4 juillet 2024 22:19

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Vote anti-immigration : confusion et fébrilité gagnent les expatriés de Genève

L'émoi n'est toujours pas retombé chez les expatriés et travailleurs frontaliers de Genève, trois mois après le vote populaire en faveur de "l'initiative anti-immigration" de la droite, excédée par le déferlement d'étrangers en quête de jours meilleurs.

L'inquiétude est surtout perceptible parmi la communauté des transfrontaliers, en majorité des Français qui traversent chaque jour la frontière dans les deux sens pour travailler dans la cité de Calvin et sa région. Ils sont plus de 70.000 salariés déclarés qui occupent près d'un quart des emplois.

"C'est un vrai malaise de me voir démuni face au risque de perdre mon statut à Genève malgré mes 10 ans d'ancienneté", confie François C., conseiller auprès d'une compagnie d'assurance helvétique.

Pour ce jeune français de 37 ans, l'ombre du rétablissement des quotas d'immigrés sème l'incertitude sur le sort de dizaines de milliers de travailleurs transfrontaliers, les premiers selon lui à devoir faire les frais du vote du 9 février.

Ce jour-là, une courte majorité de Suisses a approuvé une proposition de l'Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) visant à mettre un frein à l'immigration en réinstaurant un régime de contingents pour les travailleurs étrangers.

François est l'un des membres actifs de la communauté en ligne Glocals.com, créée au lendemain du référendum de février en vue de porter la voix des expatriés et faire part de ses appréhensions auprès de l'exécutif local.

Ce réseau revendique aujourd'hui 100.000 membres répartis sur tout le territoire suisse et dont le dénominateur commun n'est autre que le désarroi provoqué par les résultats des urnes dans le milieu des immigrés.

C'est justement à la demande de "Glocals.com" qu'une réunion a pu être organisée avec le ministre genevois chargé de l'économie et de la sécurité, Pierre Maudet. Face à une salle comble, le responsable a dû répondre à une avalanche de questions et interpréter le texte soumis au vote par la droite.

Il a notamment rassuré sur les intentions du gouvernement local, y compris le maintien du droit en vigueur durant la période de transition de trois ans que prévoit l'initiative. "Je me battrai pour confirmer les droits acquis des étrangers établis et pour garder la souplesse de notre canton", a-t-il déclaré, sans oublier de rappeler que le texte voté ne demande pas de réduire le nombre d'étrangers.

De l'avis des experts, l'économie genevoise risque de payer un lourd tribut en cas de mise en œuvre du régime de quotas d'immigrés préconisés par l'UDC, tant elle reste largement dépendante de la main d'œuvre frontalière.

"Travailler en Suisse permet de percevoir un salaire deux à quatre fois plus élevé que du côté français de la frontière et de concrétiser, pour beaucoup, le rêve de devenir propriétaire", explique Emmanuel G., employé d'une société de services.

Il reconnaît toutefois que "l'explosion des flux des frontaliers, deux fois plus nombreux qu'il y a dix ans à Genève, suscite bien des tensions et des frustrations".

De fait, une grande partie des votes anti-immigration s'explique par les récentes vagues d'immigration, principalement européennes, soit un solde migratoire de 80.000 personnes par an sur les cinq dernières années. Les étrangers représentent désormais environ 23 pc des huit millions d'habitants de la Confédération helvétique. Dans le canton de Genève, ils représentent 41 pc, dont 6 sur 10 sont issus de l'Union européenne.

Avec plus de 900 multinationales employant des milliers de salariés frontaliers, Genève est particulièrement concernée par l'impact du vote du 9 février qualifié par certains de "saut vers l'inconnu".
"Plus de deux mois après le vote, la situation est loin d'être claire tant les gens restent inquiets", lance Jean-François Besson, secrétaire général de l'association des travailleurs transfrontaliers (GTE). Aux yeux de M. Besson, "la frustration des travailleurs étrangers ne doit pas nous faire oublier qu'il y a un véritable malaise du côté suisse".

28 avr. 2014, Abdellah CHAHBOUN

Source : MAP

 

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