Amnesty International appelle, dans un rapport publié mardi, l'Union européenne à engager une procédure judiciaire contre les autorités grecques, qui procèderaient de manière "banalisée" et "généralisée" à des renvois sommaires de migrants vers la Turquie.
La Commission a répondu dans l'après-midi qu'elle était "inquiète" du sort des migrants et allait "étudier" le rapport avec attention.
Les actes commis en Grèce sont, selon le rapport d'Amnesty, "assimilables à l'expulsion illégale d'un groupe de personnes, sans qu'il soit tenu compte des particularités de chaque cas et sans que ces personnes puissent former une demande d'asile. Les renvois sommaires sont explicitement prohibés par le droit grec, celui de l'Union européenne et le droit international".
La Grèce est l'une des principales portes d'entrée de l'immigration illégale dans l'Union européenne. Les îles de la mer Égée, entre Grèce et Turquie, sont redevenues en 2013 la route privilégiée des passeurs après la construction d'une clôture et le renforcement des contrôles le long de la frontière terrestre dans le nord-est du pays.
Entre septembre 2012 et avril 2014, Amnesty International s'est entretenue avec 148 migrants et réfugiés tentant de pénétrer sur le territoire grec.
"La façon dont les réfugiés et migrants sont traités aux frontières de la Grèce est déplorable. Trop souvent, alors qu'ils cherchent un refuge, ils affrontent la violence et l'intimidation. Dans certains cas, ils ont été dépouillés de leurs vêtements, leurs affaires leur ont été dérobées, et parfois même une arme à feu a été braquée sur eux", note dans le rapport John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale.
En janvier dernier, douze afghans et syriens, principalement des femmes et des enfants, sont morts au large de l'îlot de Farmakonissi (sud-est de la mer Égée) dans le naufrage de leur bateau qui transportait 28 personnes, alors même que l'embarcation aurait été tirée à vive allure par des garde-côtes grecs.
"Dans la seule mer Égée, 188 personnes, adultes et enfants de tous âges, se sont noyées ou ont disparu entre août 2012 et mars 2014", a constaté l'ONG.
Forteresse
D'après le rapport, qui considère que la Grèce se comporte comme une "forteresse", entre 2011 et 2013, la Commission européenne a accordé environ 227 millions d'euros au pays pour qu'il empêche les réfugiés et les migrants d'entrer sur son territoire, et seulement 20 millions d'euros pour aider à leur accueil.
"La Commission est inquiète du sort des migrants en Grèce. Les témoignages de refoulements vers la Turquie et de mauvais traitements dont fait état le rapport d'Amnesty International sont particulièrement alarmants", a déclaré ensuite l'AFP Michele Cercone, porte-parole de la Commissaire chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström.
La Commission avait déjà engagé des procédures contre la Grèce en 2009. "Elles concernaient les questions relatives aux demandes d'asile aux frontières, le traitement infligé aux mineurs demandeurs d'asile, et les conditions d'accueil dans les centres de rétention", a indiqué le porte-parole.
Il a noté cependant les progrès réalisés en Grèce. " La Commission l'a aidée à réformer sa politique d'asile et d'immigration. Des résultats positifs ont été réalisés comme la mise en place d'un nouveau service pour les demandeurs d'asile, indépendant de la police", a-t-il souligné.
"De nombreux centres de rétention qui étaient inadaptés pour accueillir des migrants ont été fermés", a-t-il précisé.
Mais "la Commission va étudier avec attention le rapport d'Amnesty International, et va décider des mesures à prendre".
29 avr 2014
Source : AFP