Immigration choisie, limitée, ou immigration zéro. Ce sont des propositions que l’on retrouve dans les programmes de plusieurs partis. À 19 jours des élections, Antonio pose deux questions: ces slogans sont-ils applicables, et aussi sont-ils souhaitables, pour notre pays… ?
Souhaitables, pas vraiment. Vous croyez qu’accueillir un étranger sur notre territoire nous coûte de l’argent. C’est faux. En Belgique, en 2013, chaque immigré a rapporté 3500 euros aux caisses de l’État !
Comment obtient-on ce montant ? On prend ce que les immigrés apportent comme richesse à l’État, le fruit de leur travail, les impôts qu’ils paient. Et on retire de ce montant les prestations sociales, ce que les étrangers coûtent au pays, les pensions, les allocations.
L’État belge est donc gagnant, dans l’opération. Mieux, on estime qu’en Belgique, les immigrés contribuent à hauteur d’un point de notre Produit intérieur brut. L’an dernier, notre pays n’a atteint que 0,4% de croissance. Retirez la contribution des immigrés, et vous auriez un pays en récession !
Les chiffres sont tout à fait officiels. Ils ont été calculés par l’OCDE. L’organisation économique regroupe les pays industrialisés. Et dans tous ces pays membres, à l’exception de la France et de l’Allemagne, l’étranger rapporte plus qu’il ne coute.
On pourrait répondre que si les étrangers rapportent de l’argent, c’est aussi parce qu’ils prennent les emplois des Belges…
Là aussi, c’est une idée reçue. Une part des étrangers occupe des emplois très qualifiés chez nous. Des médecins, des ingénieurs, des prêtres, des footballeurs. Il n’y avait pas assez de Belges formés pour ces postes. Une autre part d’étrangers occupe des postes très peu qualifiés. Et là, ce sont des tâches que nos travailleurs refusent d’exercer. Un constat tiré par le spécialiste des flux migratoires, François Gemenne. Chercheur à Sciences Po à Paris et à l’Université de Liège.
La limitation, voire la suppression totale de l’immigration, est-elle applicable ?
Non, elle n’est pas réaliste non plus. La Belgique s’est engagée à respecter une série d’accords internationaux. Et vouloir stopper toute immigration, ça nous forcerait à effacer notre signature sur les traités, et à sortir d’une série d’organisations internationales. La Convention de Genève, L’espace Shengen ou…sortir de l’Union européenne, dont l’un des principes, c’est la libre circulation des personnes.
Quand un parti promet d’arrêter totalement l’immigration, il ment. L’isolement diplomatique, de notre pays, nous priverait de toute influence dans le monde. Fini la fierté nationale de voir des Belges diriger des instances internationales : les Van Rompuy, Brammertz, pour ne citer qu’eux.
La Belgique aux Belges…Mais rayée de la carte !
06 Mai 2014, Antonio Solimando
Source : rtl.be