Que ce soit au 'Mémorial Aymes'' à Gembloux (40 km au sud de Bruxelles) ou dans l'enceinte de la nécropole de Chastres où reposent des centaines de soldats marocains tombés au champ d'honneur pour la libération de l'Europe du joug colonial nazi, c'était le même mot d'ordre : Reconnaître les sacrifices de ces héros venus combattre dans un pays qui n'est pas le leur et puis perpétuer ce devoir de la mémoire historique partagée.

''Il est de notre devoir de saluer le sacrifice de ces héros venus de loin pour défendre une terre qui n'était pas la leur'', a affirmé le président de la Chambre des représentants belge, André Flahaut, qui a souligné qu'''au-delà des faits héroïques de ces soldats, il y a bien entendu des familles qui ont souffert de leur sacrifice''.

D'où, il est de ''notre rôle aujourd'hui de montrer aux jeunes générations l'importance de ce sacrifice'', a-t-il relevé, ajoutant qu'''un devoir de mémoire est nécessaire pour faire face à l'émergence des extrémismes et des nationalismes de tout bord qui renaissent un peu partout en Europe et dans le monde''.
''Si nous rendons aujourd'hui un hommage à la fois ému, officiel et sincère à ces soldats qui ont perdu la vie dans le combat contre l'envahisseur nazi, c'est parce que nous ressentons dans notre chair d'hommes libres la reconnaissance éternelle qu'épelle leur sacrifice'', a indiqué, de son côté, le bourgmestre (maire) de Gembloux, Benoît Dispa.

Pour lui, les soldats marocains qui ont combattu aux côtés de leurs frères d'armes français et belges resteront ''intensément dans nos pensées et dans nos cœurs''.

De son côté, le haut-commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération, El Mostafa El Ktiri, a indiqué que la commémoration de la bataille de Gembloux est l'occasion d'insister sur le devoir de mémoire en hommage aux soldats marocains qui ont sacrifié leur vie pour les idéaux de la dignité, de la paix, de la liberté et du droit à l'existence.

C'est aussi l'opportunité de transmettre ces nobles valeurs aux jeunes générations et de diffuser cette mémoire commune partagée entre le Maroc et d'autres nations, a-t-il souligné, ajoutant que c'est dans ce sens que le haut commissariat aux anciens résistants veille à s'associer à ce genre de commémorations et à mettre à la disposition des chercheurs des fonds d'archives, des documents et des publications sur cette mémoire.

''La promotion de cette mémoire partagée avec des pays européens ne pourra que contribuer à raffermir les relations du Maroc avec ces pays, dont la Belgique, et servir les intérêts du Royaume'', a-t-il dit.

Un vœu partagé par le président de l'association Souvenir des anciens combattants marocains de Belgique, Ahmed El Karrouti, qui a émis l'espoir de voir les sacrifices consentis par les soldats marocains contribuer à instaurer une société plus juste et à perpétuer les valeurs de paix et de fraternité entre Marocains et Européens.

''Notre prochain combat est de militer auprès des autorités belges pour que les sacrifices des soldats marocains soient inscrits dans les manuels scolaires en Belgique'', a-t-il dit.

Ces cérémonies, qui ont été marquées par le salut des couleurs nationales du Maroc, de la Belgique et de la France et le dépôt de gerbes de fleurs à la mémoire des soldats morts au champ d'honneur, se sont déroulées en présence notamment du secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), Abdellah Boussouf, et de l'ambassadeur du Maroc auprès de Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg, Samir Addahre.

Quelque 233 soldats marocains sont tombés lors de la bataille de Gembloux-Chastre, seule victoire terrestre de l'armée française durant la campagne de mai 1940 et première bataille de chars de l'histoire militaire mondiale.

11 mai 2014