jeudi 4 juillet 2024 20:13

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Immigration: après le naufrage de lundi, l'Italie s'en prend à l'UE

Après le nouveau naufrage d'un bateau de migrants partis de Libye ayant fait 17 morts, plusieurs hauts responsables italiens s'en sont pris mardi à l'Union européenne accusée de manquer de solidarité.


La frégate Grecale de la marine italienne transportant les 206 rescapés et les 17 corps des victimes est arrivée vers 17H30 GMT, dans le port de Catane (est de la Sicile).

Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a précisé que les 17 victimes sont "12 femmes, trois enfants et deux hommes".

Sur le quai à Catane, quatre tentes de la Croix rouge étaient installées pour l'accueil des réfugiés qui seront hébergés provisoirement dans un palais des sports de la ville, a constaté un journaliste de l'AFP-TV. Une dizaine de corbillards sont alignés dans le port, avec à proximité 200 personnes entre secouristes, interprètes et journalistes.

"J'ai essayé d'appeler plein de fois mais personne n'a répondu", déclare Khaled Hallek représentant de la communauté syrienne, interrogé sur le quai, avant d'expliquer que les rescapés (provenant surtout d'Erythrée, du Nigeria, de Syrie ainsi que du Pakistan et d'Afrique subsaharienne) feront tout pour repartir. "Ils ne veulent pas rester, ils veulent aller en Autriche, Suisse ou Grande-Bretagne, il n'y a rien pour eux ici", dit-il.

Le directeur de la Caritas de Catane, le père Piero Galvano a déploré que "nos sociétés soient en train de s'habituer à cette normalité tragique". Selon la Caritas, Catane comme le reste de la Sicile est au maximum de ses possibilités pour l'accueil de migrants.

Les recherches ont cessé sur le site du naufrage, en pleine mer à plus de 150 km au sud de Lampedusa et à 80 km de la Libye.

D'autres embarcations en difficultés ont depuis été secourues par la marine italienne, dont 295 immigrés transférés à Augusta.

 36.000 depuis le début de l'année

Le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano a menacé mardi de "laisser partir" d'Italie tous les demandeurs d'asile si l'UE ne venait pas en aide à une Italie submergée par ce nouvel afflux de migrants.
"L'Europe a deux options: soit elle vient ici et met le drapeau européen sur l'opération Mare Nostrum, ou alors, une fois défini le statut des immigrés et vérifié qu'ils ont droit à la protection internationale et veulent aller dans d'autres pays, nous les laisserons partir", a déclaré M. Alfano.

La législation européenne prévoit que les demandes d'asile soient traitées par le pays où arrivent les migrants qui ne peuvent plus en bouger tant que la procédure n'est pas arrivée à son terme.

Depuis l'automne dernier, après deux naufrages ayant fait plus de 400 morts près de Lampedusa et l'île de Malte, l'Italie a engagé la vaste opération Mare Nostrum de secours aux migrants. Selon les autorités, plus de 36.000 sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, dont des dizaines de milliers sauvés par l'opération.

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a lui aussi vivement critiqué l'UE.

"L'Europe nous laisse seuls, il n'est pas possible de sauver des Etats, des banques, puis de laisser mourir des mères avec leurs enfants", a-t-il dit.

Le directeur pour l'Italie des secours à l'Ordre de Malte, Mauro Casinghini, contacté par l'AFP, a pu parler à Antonella Godino qui a secouru des rescapés. La jeune médecin a été très marquée par le cas d'Amina une Somalienne: "elle était transie, pleine de crampes, elle s'agrippait à un bout de bois avec l'eau jusqu'au menton et a réussi à tenir en-dehors de l'eau son bébé de quatre mois", a-t-elle raconté. "Quatre heures et trois perfusions plus tard, elle a repris des couleurs et a pu allaiter son enfant", selon elle.

Plus de 20.000 immigrés sont morts noyés ces 20 dernières années en tentant de traverser la Méditerranée, selon des ONG.

La représentante de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a exhorté lundi la Libye et l'Afrique à agir pour tarir les flux migratoires irréguliers.

Elle a aussi rappelé avoir soumis en décembre un plan d'action aux pays européens -- resté sans effet -- prévoyant par exemple l'ouverture de canaux pour l'immigration légale et des visas humanitaires.

13 mai 2014, Marc-Henri MAISONHAUTE

Source : AFP

 

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