dimanche 24 novembre 2024 18:46

Européennes 2014 : la montée en puissance des partis populistes se confirme

Le verdict des urnes ne laisse point d'équivoque. Les premiers résultats du vote aux européennes sont inquiétants dans bon nombre de pays de l'Union et les craintes de la montée en puissance des partis populistes, eurosceptiques et surtout europhobes se sont confirmées.

Les premières projections du Parlement européen basées sur les résultats du scrutin dans les 28 Etats membres de l'UE créditent les europhobes de plus de 140 sièges sur les 751 que compte l'Assemblée de Strasbourg.

Le clan des partis populistes risque ainsi de peser lourd lors de la prochaine législature au sein d'un hémicycle aux pouvoirs renforcés et qui s'étendent depuis 2009 à plusieurs domaines cruciaux pour l'Europe des 28.

Lors du précédent scrutin de 2009, le bloc des populistes avait déjà raflé près de 20 pc des sièges du parlement à la faveur des percées enregistrées par quelques partis radicaux notamment aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Aujourd'hui, les partis eurosceptiques, europhobes ou extrémistes ont pulvérisé leurs records. En France, le Front national (FN) de Marine le Pen, est arrivé en tête. Cette formation d'extrême droite a remporté 25 pc des voix et devrait de ce fait décrocher 23 à 25 sièges sur les 74 accordés à l'hexagone.

Même scénario au Royaume Uni où le Parti indépendance UKIP, qui prône une sortie immédiate de l'UE, a bouleversé l'échiquier politique britannique en s'imposant devant les conservateurs du Premier ministre David Cameron. Le parti de Nigel Farge devrait ainsi remporter plus de 23 pc des voix soit dix de plus qu'en 2009.

Aux Pays-Bas, le Parti de la Liberté (PVV) de Geert Wilders, anti-UE, est donné deuxième et devrait occuper ainsi quatre sièges au Parlement européen.

La poussée des populistes a également touché le Danemark où le Parti du Peuple est arrivé premier avec 27 pc des voix. Avec un tel score, cette formation anti-immigration obtient 4 des 13 sièges du pays à l'hémicycle européen.

La montée en puissance des partis radicaux se traduit aussi par l'entrée du parti néonazi grec Aube dorée au Parlement. Crédité de 9 à 10 pc des voix, il pourrait envoyer trois élus à Strasbourg.

Le parti néo-nazi (NPD) allemand devrait aussi faire son entrée au Parlement européen pour la première fois de son histoire. Avec un score de 1 pc, le NPD sera représenté par un eurodéputé.
En Autriche, le parti d'extrême droite FPO conforte aussi sa position et devrait arriver troisième avec près de 20 pc des suffrages. Le parti europhobe polonais, le Congrès de la nouvelle droite (KNP) pourrait envoyer aussi quatre députés au Parlement européen.

En Hongrie, l'extrême droite ultra nationaliste du Jobbik est arrivée en deuxième position avec près de 15 pc voix remportant ainsi trois sièges au Parlement européen.

Ces résultats dénotent clairement une certaine radicalisation de l'opinion publique sur l'Europe et l'absence du consens sur l'avenir de l'Union parmi les citoyens européens. Car, si avant on comptait 20 pc d'Européens convaincus, 15 pc d'opposants irréductibles et entre 60 et 70 pc de personnes indifférentes, aujourd'hui, les indifférents renforcent les rangs des populistes et des eurosceptiques.

Faut-il pour autant s'inquiéter de cette situation ? Les analystes et observateurs se montrent rassurants : même si les partis populistes renforcent leurs rangs au Parlement, les pro-européens restent toujours majoritaires.

Les observateurs mettent aussi en avant les multiples différences qui empêcheraient les partis radicaux à avoir une influence considérable au sein de la prochaine assemblée. Les partis populistes ne sont pas unis dans une seule famille. Rien qu'au sein de la droite radicale, il y a différents groupes d'eurosceptiques, d'europhobes et de l'extrême qui ne partagent pas la même idéologie et encore moins les mêmes valeurs.

La question qui se pose aujourd'hui est comment ces partis réussiront-ils à unir leurs forces pour peser dans l'assemblée de Strasbourg sachant qu'il faut au moins 25 députés de sept Etats membres pour constituer un Groupe parlementaire à l'hémicycle. Vu leurs différences et différends connus, cela ne sera pas probablement facile.

26 mai 2014, Mohammed HAMIDDOUCHE

Source : MAP

 

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