Technique de mensonge n°1: manipuler les chiffres. C'est en particulier sur l'immigration que le FN argumente en présentant des chiffres faux, des constats que les chiffres avérés contredisent, ou des chiffres objectivement manipulés. Par exemple, Marine Le Pen a dit en mars 2013 sur France 3 que "l'immigration coûte 70 milliards d'euros par an". Elle a omis de mentionner que l'immigration rapporte également de l'argent à la France. Or, en faisant le solde entre ce que l'immigration coûte et rapporte à la France, il est positif de près de 4 milliards d'euros pour la France.
Technique de mensonge n°2: confondre une corrélation avec une causalité
C'est en particulier sur la criminalité et la délinquance que le FN argumente en confondant une corrélation ("A s'accompagne de B") avec une causalité ("A est la cause de B"). Par exemple, Marine Le Pen a recommandé à ses sympathisants la lecture de La France orange mécanique de Laurent Obertone. Ce livre recense des actes criminels barbares commis en France par des personnes par ailleurs issues de telle ou telle culture ("A s'accompagne de B"). Il déduit de ces origines culturelles que leur barbarie provient de leur culture ("A est la cause de B"): d'où sa théorie de "l'ensauvagement". Cette technique permet au FN de soutenir que l'immigration est une source d'insécurité. Or, le raisonnement est absurde : appliqué au fait que 97% des détenus de France sont des hommes, il aboutirait à la conclusion qu'un grand plan national d'opérations massives de changement de sexe réduirait la criminalité.
Technique de mensonge n°3: l'amalgame
C'est probablement la technique la plus couramment employée par le FN pour mentir aux électeurs. Que des élus de gauche ou de droite soient condamnés pour corruption, et le FN parle de "tous pourris". Qu'un islamiste commette des attentats, et l'islam n'est pas compatible avec la République. Que des immigrés commettent des délits, et l'immigration est une cause d'insécurité. Sur tous ces points, l'amalgame est statistiquement indéfendable: par exemple, sur l'insécurité, même si l'on supposait que la totalité des détenus de France sont des immigrés maghrébins (ce qui est faux), cela représenterait alors un taux minuscule de 0,44% de la population totale d'immigrés maghrébins en France.
Technique de mensonge n°4: le sous-entendu
Encore lors des débats des élections européennes, Marine Le Pen a déclaré que les gens voient bien qu'il y a trop d'immigrés. Affirmer qu'ils le voient, c'est un sous-entendu raciste. En effet, il est évidemment impossible de distinguer à l'œil nu un immigré d'une personne née en France. Donc, en réalité, dire que les gens voient qu'il y a trop d'immigrés, c'est sous-entendre qu'ils voient qu'il y a trop de personnes qui n'ont pas la peau blanche. Cela permet d'envoyer un message raciste à l'électorat, tout en préservant la possibilité de nier ce racisme. Au demeurant, dans son programme de 2012, le FN prend explicitement la défense des "hommes blancs".
Technique de mensonge n°5: l'usurpation de la rhétorique républicaine
C'est en particulier une méthode très courante de la part de Florian Philippot, soldat perdu du chevènementisme devenu bras droit de Marine Le Pen. La technique consiste à employer la sémantique républicaine pour recouvrir un argumentaire qui, sur le fond, reste d'extrême droite. Par exemple, le FN prétend être grand défenseur de la laïcité, valeur républicaine par excellence. Cependant, sur le fond, lorsqu'il parle de laïcité, c'est généralement pour s'attaquer à l'islam. Autre exemple: le FN revendique d'être opposé au communautarisme, par essence incompatible avec l'individualisme républicain. Cependant, sur le fond, lorsqu'il parle de communautarisme, c'est en réalité pour être lui-même défenseur d'un communautarisme blanc. Corollairement, le FN est sélectif lorsqu'il prétend défendre les "racines" de la France. Typiquement, il met en avant les "racines chrétiennes" mais jamais ses racines gréco-romaines. Or, en se fondant sur les racines gréco-romaines, tous les pays méditerranéens ont les mêmes racines que nous...
Technique de mensonge n°6: prétendre ne plus être d'extrême droite
Le FN alterne sur ce point entre deux lignes contradictoires. Tantôt il prétend n'avoir jamais été d'extrême droite, tantôt il élude mais précise que ses idées ont changé avec le temps. Pourtant, non seulement le FN est toujours d'extrême droite, mais plus précisément, il est pétainiste. De fait, comme le régime pétainiste, il préconise notamment une hiérarchie sociale fondée sur le sang français, un Etat fort protecteur des artisans et petits commerçants, une politique nataliste et anti-IVG, et la liberté de faire de la propagande antisémite. Par ailleurs, comme le régime pétainiste, il s'est choisi Jeanne d'Arc pour icône. En outre, il compte parmi ses fondateurs des anciens collabos: par exemple, son tout premier trésorier, Pierre Bousquet, est un ancien caporal SS, et François Brigneau, ancien vice-président du FN, servit dans la Milice du régime de Vichy.
Technique de mensonge n°7: la frappe ciblée
C'est une ligne de défense quasiment systématique du FN lorsqu'une de ses idées est identifiée comme étant d'extrême droite. Il riposte en citant une personne qui défend la même idée, ou un gouvernement étranger qui l'a appliquée, et qui n'est pas d'extrême droite. Par exemple, lorsque dans un débat sur France 2, en octobre 2013, Martine Billard a identifié comme pétainiste l'expression "redressement national" employée par Florian Philippot, ce dernier a répliqué qu'Arnaud Montebourg était ministre du "redressement" productif sans être pour autant pétainiste. En réalité, à l'échelle de la planète, presque aucune des propositions du FN n'est une position uniquement défendue par l'extrême droite française. C'est la combinaison spécifique de propositions qui est caractéristique de l'extrême droite française, et plus précisément, du pétainisme.
31/05/2014
Source : huffingtonpost.fr