dimanche 24 novembre 2024 19:01

Migrants-Amnesty interpelle la France avant une réunion de l'UE

Amnesty International a appelé mardi la France à clarifier sa position en matière de politique migratoire à deux jours d'une réunion au Luxembourg où sera évoquée l'épineuse question de l'immigration clandestine, huit mois après la tragédie de Lampedusa qui avait coûté la vie à 350 migrants.

Vers 07h00 (05h00 GMT), l'ONG a déposé un grand bateau en carton devant le ministère de l'Intérieur, à Paris.

"3.500 morts : protégez les migrants", pouvait-on lire sur le bateau chargé de quelque 3.500 pétitions en faveur d'une meilleure protection des droits des migrants et réfugiés, en référence aux 3.500 personnes mortes depuis trois ans en mer Méditerranée et en mer Egée.

Dans une lettre qu'elle devait remettre au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, l'ONG demande au gouvernement de clarifier sa position.

"On demande à la France de se mobiliser, on ne voudrait pas que ce soit un sujet qui soit réservé aux pays du sud de l'Europe", explique Jean-François Dubost, responsable du programme personnes déracinées chez Amnesty, à Reuters.

Les ministres de la Justice et de l'Intérieur des Vingt-Huit se réunissent jeudi et vendredi à Luxembourg pour évoquer notamment "la task force pour la Méditerranée".

La mise en place de cette structure avait été annoncée peu après le naufrage d'un bateau de pêche le 3 octobre 2013 au large de l'île italienne de Lampedusa, qui avait suscité une vague d'émotion et d'indignation en Europe.

La tragédie, qui avait coûté la vie à plus de 350 migrants, avait été perçue par certains comme une conséquence directe des divergences des pays membres de l'UE face à la question de l'immigration et de l'absence d'une véritable politique migratoire.

SAUVER DES VIES

"L'Union européenne, si elle veut sauver des vies, elle en a les moyens. Il faut juste qu'elle fasse preuve de sa volonté et pour l'instant ce n'est pas vraiment le cas", souligne Jean-François Dubost.

"Nous souhaitons que la France porte ce message positif : il faut que l'UE mette concrètement en oeuvre des opérations de secours et de sauvetage. Aujourd'hui l'UE met plutôt les moyens sur les opérations de surveillance pour empêcher les gens de partir, de Libye par exemple", ajoute-t-il.

Selon une carte interactive mise au point par un collectif de journalistes européens et rendue publique début avril, quelque 23.000 migrants auraient trouvé la mort depuis 2000 en tentant de rejoindre l'Europe, par la mer ou par la terre.

Depuis le début de l'année, près de 35.000 personnes ont traversé la Méditerranée entre l'Afrique du Nord et l'Europe, contre 43.000 pour l'ensemble de 2013, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR).

Pour l'ensemble de 2014, le HCR estime que le chiffre devrait dépasser les 60.000, niveau atteint en 2011.
Face à l'afflux de migrants, l'Italie réclame depuis des années un engagement plus fort de l'Union européenne.
Rome, qui prendra en juillet la présidence du Conseil de l'UE, demande notamment que l'opération "Mare Nostrum", qui a secouru plusieurs milliers de personnes depuis son lancement fin octobre, devienne européenne et non plus seulement italienne.

Le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano a notamment menacé de laisser passer dans les autres pays de l'Union européenne les réfugiés venus d'Afrique qu'elle recueille en mer, en l'absence d'aide de l'UE.

03 juin 2014

Source : Reuters

 

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