mercredi 3 juillet 2024 08:51

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Marocaines d'ici et d'ailleurs : Les émigrées d'Afrique subsaharienne: success stories et déboires

L'émigration marocaine en Afrique subsaharienne est presque insignifiante comparée à celle en Europe qui accueille 80% des émigrés marocains dans le monde. Cet article, c'est surtout les témoignages de 3 femmes marocaines installées au Sénégal et au Gabon. Si pour bon nombre d'émigrées marocaines l'exil a été du pain béni pour d'autres, l'exil les a entraîné dans un tourbillon de déboires.

Au Maroc, on parle très peu de ces émigrées marocaines en Afrique subsaharienne. Pourtant, les pays de cette zone de l'Afrique ont constitué les premières destinations de l'émigration marocaine. Cette diaspora est installée un peu partout mais particulièrement en Afrique de l'Ouest. Selon des statistiques du Ministère des Affaires Etrangères datant de 2008, le Sénégal et la Côte d'Ivoire accueillent la plus forte communauté de marocains expatriés dans cette région: respectivement 1900 et 1971 marocains.

Les raisons de cet exil sont diverses. Pour Assatah Fatiha Ndiaye, c'était surtout pour aller retrouver son mari sénégalais qu'elle avait rencontré des années plus tôt dans son Maroc natal. De femme au foyer, elle est passée à commerçante pour devenir la présidente de l'Association des femmes marocaines du Sénégal. Cette ascension sociale est pour elle tout à fait logique dans la mesure où au Sénégal, elle se sent chez elle.

"Cela fait maintenant 25 ans que je suis installée au Sénégal. J'y suis allée pour rejoindre mon mari et par la suite, j'ai commencé à faire mon propre commerce. Ici, je me sens chez moi: il y a la paix, la sécurité, les affaires marchent très bien et nous avons les mêmes droits que les femmes sénégalaises. C'est tout ce qu'il me faut pour être heureuse".

Assatah Fatiha Ndiaye

Dans un tout autre univers, celui de l'environnement, Touria Dafrallah, ancienne fonctionnaire du ministère des Energies et des Mines, a elle choisi il y a 4 ans, de quitter le Maroc et de s'installer au pays de la Téranga (hospitalité en wolof, dialecte le plus parlé au Sénégal). Depuis 2005 donc, elle travaille comme coordinatrice de recherche pour le Programme environnement et développement du tiers-monde. De son propre aveu, elle est partie au Sénégal de son plein gré et n'échangerait pour rien au monde, sa place actuelle.

"Je suis partie de plein gré, à la recherche d'un épanouissement personnel et professionnel. Je n'ai rien à envier aux Marocaines établies en Europe ou ailleurs. Je suis ici chez moi: à partir de mon plateau de Dakar, j'interagis avec le monde entier et puis je gagne assez bien ma vie malgré la cherté de la vie à Dakar. Mais à mon avis, le Sénégal reste et restera un pays d'accueil où les gens peuvent s'épanouir économiquement et socialement".

Touria Dafrallah

A plusieurs centaines de kilomètres de la capitale sénégalaise, au coeur de l'Afrique, près de 800 Marocains ont élu domicile au Gabon. C'est le cas d'Amina Farhane, présidente du Forum des Marocains du Gabon (FMG).

Au départ, c'était juste pour rendre visite à sa sœur mariée à un Gabonais et résidente depuis plusieurs années. Elle finit par y poursuivre des études en littérature, y travaille dans l'import-export et ouvre par la suite, une école.

Le Gabon, c'est son pays d'adoption et au fil des années, elle a fini par impliquer dans le quotidien des familles gabonaises.

"Je suis installée au Gabon depuis une vingtaine d'années maintenant. Je suis complètement intégrée: je fréquente autant que possible les familles gabonaises, je partage à la fois leurs joies et leurs peines car je me sens autant Gabonaise qu'elles'".

Amina Farhane

Pourtant, loin de ces success stories, d'autres marocaines se battent pour sortir de la précarité.

Déboires

"Il y a énormément de femmes marocaines qui vivent dans des situations très difficiles. Non seulement les coutumes et les croyances sont différentes mais la situation administrative est très compliquée: le titre de séjour (équivalent de la carte de séjour pour les étrangers au Maroc) renouvelable tous les deux ans, est de plus en plus difficile à obtenir. Et à cela, il faut ajouter que bon nombre de femmes se font berner: les hommes leurs font des promesses qu'ils ne tiennent pas . Les femmes se retrouvent dans la rue avec leurs enfants". selon Amina Farhane, présidente du (FMG)

Mme Ndiaye nous explique qu'au Sénégal aussi, certaines Marocaines ont la vie dure :

"Il s'agit surtout de Marocaines résidentes dans les régions les plus reculées du Sénégal, comme Tambacounda. Le climat est très aride et le commerce y est difficile", précise Mme Ndiaye.

Solidarité féminine

Pour ces femmes qui ne peuvent pas revenir au Maroc surtout du fait qu'elles ont des enfants, c'est souvent la solidarité de la communauté qui leur permet d'espérer une vie meilleure, avec un emploi et un nouveau logement.

"Ce sont des pays de droit mais les procédures judiciaires sont beaucoup trop longues. C'est à la communauté de faire un effort de solidarité pour ne pas abandonner nos soeurs", explique Amina Farhane.

Source : Aufait

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