jeudi 4 juillet 2024 04:23

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Migrants: guerre des mots entre la France et l'Italie

L'Italie hausse le ton face à la France qui nie catégoriquement avoir bloqué sa frontière à Vintimille, où des dizaines de migrants s'amassent dans l'espoir de gagner le nord de l'Europe, dernier épisode d'une crise européenne sans solution apparente.

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi s'est immiscé dans la polémique en dénonçant dans l'après-midi les "rodomontades" de certains ministres de pays étrangers, après des déclarations dans la matinée du ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

"Les Européens ont le devoir d'affronter tous ensemble le problème des immigrés. Les rodomontades de certains ministres de pays étrangers vont dans la direction opposée", a déclaré M. Renzi à Rome, interrogé sur les propos de M. Cazeneuve.

Ce dernier a assuré que la frontière française avec l'Italie n'était nullement bloquée et que la France se contentait de faire respecter le droit européen.

"Que se passe-t-il à Vintimille ? Il y a la nécessité de faire respecter les règles de Schengen et de Dublin. Quelles sont ces règles ? Lorsque des migrants arrivent en France, qu'ils sont passés par l'Italie et qu'ils ont été enregistrés en Italie, le droit européen implique qu'ils soient réadmis en Italie", a expliqué M. Cazeneuve.

Les dizaines de migrants qui campent sur des rochers à Vintimille sont "un coup de poing dans la figure" de l'Europe, avait lancé dès le début de la journée son homologue italien, Angelino Alfano.

Ils ne "veulent pas rester en Italie mais veulent aller en Europe", avait-il alors expliqué, comme pour enfoncer le clou de la nécessité d'une réponse de l'Union européenne à cette crise, à la veille d'une réunion avec ses homologues européens au Luxembourg.

 l'UE tente l'apaisement

Afin d'apaiser les tensions, le Commissaire européen aux migrations, le Grec Dimitris Avramopoulos, a prévu de rencontrer mardi, en amont de cette réunion, les ministres français, allemand et italien de l'Intérieur.
"Si l'Europe choisit la solidarité, c'est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un +plan B+ tout prêt. Mais qui frapperait surtout l'Europe en premier", avait averti dimanche le Premier ministre italien Matteo Renzi, sans donner plus de précision.

Lundi, il a indiqué que dans le +plan B+, les Italiens feraient face "tout seuls".

"Nous continuerons à faire de notre mieux mais l'Europe doit faire sa part, c'est naturel. Si elle ne le fait pas, nous ferons tout seuls. C'est notre +plan B+", a-t-il dit.

Samedi soir, après avoir campé deux jours à la frontière franco-italienne, des migrants venus majoritairement d'Afrique avaient été repoussés par la police italienne vers Vintimille, à 5 km du poste-frontière.
Certains ont depuis dormi à même le sol de la gare de cette petite ville de Ligurie (nord-ouest), d'autres sur des rochers.

Refoulés aux frontières, ces migrants, dont des femmes et des enfants, demandent à passer en France pour "aller dans d'autres pays", comme l'un d'eux, Brahim, 20 ans, originaire du Darfour, l'a expliqué à un journaliste de l'AFP.

 "Points de contrôle"

La position française est partagée par l'Autriche, où le gouvernement a expliqué lundi n'avoir jamais fermé ses frontières mais avoir juste "installé des points de contrôle exceptionnels à certains endroits".
En Allemagne, pays d'arrivée de nombre de migrants, les contrôles frontaliers sont toujours effectifs "jusqu'à ce soir (lundi, ndlr) minuit", a précisé à l'AFP un porte-parole de la police fédérale allemande, à Munich. Ils avaient été rétablis à l'occasion du sommet du G7 qui a eu lieu les 7 et 8 juin en Allemagne.

M. Renzi a indiqué qu'il abordera le problèmes des immigrés avec ses homologues britannique et français cette semaine à Milan.

Il a également précisé qu'il s'entretiendrait avec le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et la Chancelière allemande Angela Merkel.

L'Italie se débat pour accueillir des vagues successives de migrants alors que plus de 100.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe depuis le début de l'année via la Méditerranée.

Pour les Nations unies, cette situation doit conduire l'Europe à ouvrir davantage ses frontières et accueillir au moins un million de migrants au cours des prochaines années.

15 juin 2015,Laure BRUMONT

Source : AFP

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