mercredi 27 novembre 2024 03:54

Migrants : l'UE critique l'Autriche, ne relâche pas la pression sur la Turquie

Les dirigeants européens ont critiqué mardi la décision de l'Autriche d'imposer des quotas quotidiens de demandeurs d'asile, et exhorté une nouvelle fois Ankara à accentuer ses efforts dans la gestion des réfugiés.

Un peu en retrait de l'attention portée aux négociations décisives sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, la question brûlante des migrants ne continue pas moins de se poser aux 28 chefs d'Etat et de gouvernement réunis pour leur premier sommet bruxellois de l'année, en l'absence de solutions durables.
Depuis janvier, les arrivées ne tarissent pas, de 10.000 à 15.000 par semaine, "loin de l'endiguement, a fortiori de l'arrêt, des flux que certains appellent de leurs voeux", rappelle un diplomate européen.

La Commission européenne s'impatiente de voir les mesures qu'elle a proposées, et qui ont été acceptées par les Etats membres, mises en oeuvre. Son programme de répartition de 160.000 réfugiés depuis la Grèce et l'Italie a touché moins de 600 personnes, selon le dernier relevé de mi-février.

Le commissaire européen chargé de la Migration Dimitris Avramopoulos a haussé le ton jeudi dans une lettre adressée à la ministre de l'Intérieur autrichienne Johanna Mikl-Leitner, après la décision de Vienne d'instaurer un quota journalier de demandeurs d'asile autorisés à entrer sur son territoire.

L'application d'une telle décision "serait clairement incompatible" avec le droit européen et international, écrit le commissaire dans le courrier dont l'AFP a eu copie et, souligne-t-il, "l'Autriche a une obligation légale d'accepter toute demande d'asile faite sur son territoire ou à sa frontière".

Mme Mickl-Leitner a toutefois immédiatement confirmé que les quotas journaliers - 80 demandeurs d'asile par jour et 3.200 personnes en transit - entreraient en vigueur vendredi comme prévu.
"Les experts juridiques apporteront une réponse", a répondu de son côté le chancelier autrichien Werner Faymann, estimant qu'il était "inimaginable" que l'Autriche accueille les demandeurs d'asile "pour toute l'Europe".

De leur côté, les pays d'Europe centrale ont menacé de renforcer la protection de leurs frontières si le flot ne tarissait pas d'ici la mi-mars, ce qui constituerait un "manquement à ses promesses" de la Turquie, selon un ministre tchèque.

Ankara s'est engagée à mieux contrôler ses frontières et à durcir sa lutte contre les passeurs en échange d'une enveloppe de 3 milliards d'euros des Européens.

La Turquie absente

Selon le projet des conclusions du sommet européen que l'AFP a pu consulter, le flux de migrants débarquant en Grèce depuis la Turquie "reste bien trop élevé".

Ce constat appelle à "des efforts supplémentaires, résolus de la part aussi de la Turquie", à mettre en oeuvre le plan d'action qu'elle a conclu à l'automne avec l'UE, est-il encore stipulé dans ce document.

A son arrivée jeudi à Bruxelles la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué vouloir donner "priorité" à l'agenda UE-Turquie en matière de migration.

"On a les accords avec la Turquie pour contrôler les passeurs et l'Otan qui pourrait, si tout va bien, naviguer (en mer Egée) dès la semaine prochaine", a énuméré de son côté le Premier ministre néerlandais Marc Rutte.

"Quand on fait l'addition de tous ces filtres (...) cela doit mener à un contrôle des flux pour que, quand le printemps arrive, on n'ait pas les chiffres (d'arrivées) qu'on avait l'an dernier", a ajouté M. Rutte.

Premier concerné, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annulé sa visite prévue à Bruxelles en marge du sommet des 28 avec un groupe de onze pays de l'UE, après un attentat sanglant à Ankara, les privant d'une "réunion franche" selon le mot d'une source européenne.

Les Autrichiens comptent cependant réinviter M. Davutoglu à Bruxelles.

Face aux difficultés qui ne se résorbent pas, un "débat exhaustif" est attendu lors du prochain sommet de mars, selon le projet de conclusions, au cours duquel "des orientations supplémentaires devront être décidées et des choix faits".

"Si les problèmes, les flux persistent en mars, alors nous aurons des tensions", prédit un diplomate européen.

18 fév 2016,Marine LAOUCHEZ

Source : AFP

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