En ce mercredi après-midi, seule une poignée d’hommes prient dans la vaste et lumineuse mosquée Al-Forqane, posée sur les hauteurs de Valence, tandis qu’à l’arrière-plan surgit le Vercors. L’imam Abdallah Dliouah n’en est pas pour autant désœuvré. Comme chaque jour, en plus de son emploi de cadre à la SNCF, il doit répondre aux multiples sollicitations de fidèles, participer à trois ou quatre réunions avec des jeunes, des familles, des ministres d’autres confessions, dispenser des cours religieux, visiter des malades, nourrir son blog. Bref, comme tous ses collègues, se démultiplier au service d’une communauté religieuse en attente, et avec des moyens bien souvent limités. Week-ends et vacances compris.
Les imams sont aujourd’hui au cœur des exigences formulées par les responsables politiques envers l’islam. En plaquant parfois sur eux le modèle du curé, on les voudrait francophones (l’écrasante majorité des fidèles ne comprend pas l’arabe), imprégnés du contexte français, formés en France, sans toujours mesurer les contraintes actuelles de la condition d’imam. Le Monde a demandé à trois d’entre eux de parler de leur quotidien.
Abdallah Dliouah à Valence, Ismaïl Mounir à Longjumeau (Essonne), Abdelkader Ounissi à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) ne constituent pas un échantillon représentatif des profils si variés des imams aujourd’hui, en fonction dans les quelque 2 500 lieux de culte musulmans en France. Ils n’ont pas la même formation religieuse ni la même trajectoire. Mais tous trois sont francophones, en phase avec...Suite