dimanche 24 novembre 2024 23:32

Allemagne : la diversité gagne du terrain au Bundestag

34 députés issus de l'immigration ont été élus lors des législatives en Allemagne. Les partis politiques ont pris conscience de leur importance alors que l'électorat d'origine étrangère augmente.

"Plusieurs identités, une candidate". Sur sa page Facebook, Cansel Kiziltepe, députée SPD fraîchement élue lors des législatives en Allemagne, termine ainsi son portrait. Elle fait partie des 34 députés issus de l'immigration élus au Bundestag sur 630 députés. Cansel Kiziltepe a des racines en Turquie, comme 11 de ces représentants d'origine étrangère, explique le Spiegel. Et pour la première fois, la Chambre basse accueille deux députés d'origine africaine, Karamba Diaby (SPD) et Charles Huber (CDU), tous deux d'origine sénégalaise.

La représentation des Allemands issus de l'immigration au Bundestag est plus importante que prévue à l'issue de ce scrutin: la Fondation Mercator l'estimait à 3 %, ils sont en fait 5 %. "Les partis politiques ont besoin d'avoir des représentants visibles de la population entière" explique le professeur Thomas Saafeld de l'université de Bamberg au journal allemand. Pour faire face à une natalité qui ne permet pas renouvellement de la population, l'Allemagne doit compter sur l'immigration. Le poids électoral des personnes issues de l'immigration va donc continuer à grandir. Selon le Spiegel, 800 000 électeurs ont un héritage turc. L'électorat issu de l'immigration était de 5,8 millions pour le scrutin du 22 septembre -soit près de 10%-, contre 5,6 millions en 2009.

Les partis politiques ont donc tout intérêt à soigner cette manne électorale. Et la visibilité des élus issus de l'immigration s'est largement améliorée en deux décennies. À l'époque de la chute du Mur, les fils et filles d'immigrés avaient du mal à trouver leur place dans les partis, même les plus à gauche, constate la revue Hommes et migrations. La dernière décennie a été jalonnée de signaux positifs: en 2008, Cem Ozdemir, fils d'immigrés turcs, prenait la tête des Verts. En 2010, Aygül Özkan était la première ministre CDU d'origine turque dans un gouvernement régional. Aujourd'hui, même les partis conservateurs présentent des candidats issus de l'immigration au niveau fédéral. Cemile Giousouf, élue de la CDU -Union Chrétienne Démocrate- est la première de confession musulmane. Son "altérité religieuse" ne pose aucun problème, confie-t-elle au Spiegel, dans un parti qui se veut chrétien. D'ouverture en ouverture, la diversité politique fait son chemin en Allemagne.

26/09/2013 , Marie Le Douaran avec AFP

Source : L'Express

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