Le ministre chargé des Marocains à l'étranger et des Affaires de la migration, Anis Birou, a appelé, vendredi à Rabat, à réfléchir sur une approche concrète et objective du phénomène de la migration des compétences.
"Cette nouvelle tendance de la migration fait partie d'un processus inéluctable, découlant de la mondialisation de l'économie et de la libre circulation des biens, des services et des personnes. Il est de notre devoir de travailler ensemble pour l'encadrer et l'orienter pour servir au mieux les objectifs convergents et les intérêts communs du Maroc et de la France", a-t-il déclaré à l'ouverture d'un colloque scientifique sur la migration marocaine en France, organisé à l'occasion du cinquantenaire de l'accord franco-marocain de main d'œuvre (1er juin 1963).
Cette approche devrait être "avantageuse" pour les trois parties en présence, à savoir le Maroc, la France et le migrant Marocain et "se baserait sur des projets de coopération facilitant la satisfaction de la demande du marché français en cadres qualifiés, le renouvellement de notre potentiel de compétences et le remplacement de celles qui ont choisi de s'expatrier, tout en contribuant à rehausser le niveau des échanges bilatéraux franco-marocains", a estimé M.Birou , en se félicitant d'un demi-siècle de "présence exemplaire et d'apport constructif des Marocains en terre française".
Les Marocains résidents en France "constituent un patrimoine que nous avons en commun avec la France et dont il convient, à partir d'une réflexion puis d'une action concertée, d'optimiser l'emploi, de libérer les capacités créatives et de faire connaître comme il se doit leurs réussites", a-t-il dit, en évoquant le rôle pionnier des premières générations de la migration.
M. Birou a également souligné la nécessité de "jeter un regard plus attentif" aux générations montantes des Marocains de France et d'"envisager avec confiance les promesses d'avenir qu'elles sont capables de concrétiser avec leur talent, leur savoir et leur culture".
Grâce à leur double appartenance, s'est-il félicité, "ces Marocains constituent de véritables leviers de coopération capables de renforcer le partenariat France-Maroc et de le faire évoluer à un niveau à la hauteur des relations historiques exceptionnelles entre les deux pays".
Evoquant les efforts du Maroc en matière d'immigration, le ministre a rappelé que la situation des migrants et des réfugiés, surtout ceux issus des pays d'Afrique sub-saharienne, a fait l'objet de préoccupation et d'intérêt croissants de la part du Royaume.
Cette préoccupation, a-t-il dit, a donné lieu à la prise de mesures urgentes reflétant "l'attachement du Maroc à traiter la problématique de la migration dans le respect des principes que lui dicte sa civilisation séculaire". "Ces mesures, et d'autres qui seront prises et annoncées ultérieurement, dénotent la forte volonté royale de préserver les droits de l'Homme, quel que soit son statut juridique, sans discrimination d'origine, de race ou de couleur de peau", a expliqué M. Birou
Selon lui, de telles mesures reflètent également une vision clairvoyante des relations internationales, mettant l'être humain au centre de ses préoccupations.
Pour sa part, l'ambassadeur de France au Maroc, Charles Fries, a salué la mobilisation du Royaume à la faveur d'une nouvelle politique d'immigration. "La France a assuré le Maroc de son soutien à la mise en place de cette nouvelle politique ambitieuse et respectueuse des droits de l'Homme", a-t-il lors de de ce colloque, organisé par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et l'Ambassade de France à Rabat.
Le diplomate a d'ailleurs estimé que le débat autour de l'immigration devient de plus en plus difficile dans une conjoncture marquée par la crise économique qui sévit en Europe. "Ce sujet est devenu politique, parfois moral, ou exploité de manière injuste et démagogique", a-t-il déploré, en affirmant que le plus grand défi actuel consiste à "vivre ensemble dans une société plurielle et dans le respect de la tolérance et de la diversité".
Pour sa part, le secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, a mis en relief l'apport, à travers de l'histoire, de la communauté marocaine au développement économique et social en France, en s'inquiétant de l'émergence de "discours" qui remettent en question l'intégration des communautés étrangères.
Intervenant également lors de ce colloque, le président du Conseil d'administration de l'Office français de l'immigration et l'intégration (OFII), Rémy Schwartz, s'est félicité des liens "très spécifiques" entre le Maroc et la France.
"L'esprit de la convention de 1963 est caractéristique de la relation de confiance que la France et le Maroc entretiennent", a relevé le responsable français, en se félicitant du rôle de "passerelle entre deux rives" que joue la communauté marocaine, forte de près d'un million et demi de personnes.
"L'histoire de l'immigration marocaine en France montre combien l'immigration est une richesse pour le pays d'accueil aussi pour le pays de départ, a-t-il dit, en soulignant tout l'intérêt d'une immigration "gérée conjointement entre les pays".
"Cette gestion partenariale de la mobilité des personnes est aujourd'hui plus que jamais une exigence", a-t-il conclu.
Le colloque, qui a connu la participation d'une pléiade de chercheurs dans le domaine de l'immigration, a permis de mettre en lumière la densité des échanges humains et les multiples imbrications entre le Maroc et la France, liés par une relation d'exception et une histoire commune. Il a également été question de faire une restitution de l'histoire et d'ouvrir un débat serein sur le présent et l'avenir de l'immigration.
15 nov. 2013
Source : MAP