Une réunion des ministres européens de l'intérieur doit débattre mardi 8 octobre de l'immigration clandestine après le drame de Lampedusa.
Les secours ont pu sauver 155 passagers, Somaliens et Érythréens partis de Libye, mais leur embarcation contenait jusqu'à 500 clandestins.
Les recherches se poursuivent en Sicile pour retrouver les corps des centaines de migrants Somaliens et Érythréens disparus lors du naufrage jeudi de leur bateau.
Avec cet article
Lampedusa, la tragédie
Les recherches se poursuivaient dimanche 6 octobre au large de Lampedusa pour retrouver les corps des centaines de migrants encore disparus après le naufrage de leur bateau jeudi 3 octobre. Au total 127 morts ont été retrouvés, et placés dans un hangar de l'aéroport transformé en chapelle ardente où s'alignaient leurs cercueils. Mais environ 200 autres victimes étaient toujours manquantes dimanche, soit prisonnières de l'épave du bateau qui gît par 47 mètres de fond à 500 mètres seulement du rivage de la petite île sicilienne, soit emportées au large par la houle.
Les secours ont pu sauver 155 passagers, Somaliens et Érythréens partis de Libye, mais leur embarcation contenait jusqu'à 500 clandestins. Les plongeurs qui ont exploré l'épave, comme Rocco Cannel, propriétaire d'une école de plongée, ont témoigné d'un spectacle épouvantable, alors que toute l'Italie observait vendredi un deuil national.
Réfléchir collectivement à la façon d'éviter d'autres drames
Drapeaux en berne, minute de silence dans toutes les écoles italiennes, et avant chaque compétition sportive, vive émotion du pape François, qui, dimanche, lors de la prière de l'Angélus, a appelé à « laisser pleurer (notre) cœur en silence » pour toutes « ces femmes, hommes et enfants », le pays est sous le choc. Mais l'Italie réclame également que, passés l'émotion et le deuil, l'Europe s'empare du problème pour réfléchir collectivement à la façon d'éviter d'autres drames.
Rome a obtenu que la question de l'immigration figure à l'ordre du jour d'une réunion des ministres de l'intérieur européens à Luxembourg mardi. La ministre de l'intégration italienne Cécile Kyenge a annoncé un triplement des places « de 8 000 à 24 000 » dans les centres italiens pour immigrés, afin de faire face à l'afflux de 30 000 sans-papiers arrivés en 2013. Cécile Kyenge a souligné que « les flux migratoires ont changé ». Il s'agit davantage de réfugiés fuyant des conflits que d'émigrés économiques. « Les lois ne peuvent pas être punitives », a-t-elle argué, réclamant des « couloirs humanitaires ».
Une position qui est loin de faire l'unanimité en Italie et en Europe. Ainsi, annonçant une visite, prévue mercredi à Lampedusa du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le premier ministre italien Enrico Letta a surtout évoqué les frontières libyennes jugées trop poreuses. « Notre problème s'appelle Libye. Tout a changé en deux ans, nous irons là-bas pour faire adopter des règles plus strictes », a déclaré dimanche Enrico Letta.
6/10/13, NATHALIE LACUBE
Source : La Croix