dimanche 24 novembre 2024 20:42

Belgique/Migration: moins de bagues au doigt avec un conjoint venu du pays

Les immigrés de la deuxième génération qui choisissent un époux migrant sont désormais minoritaires: 39% pour les Turcs, 38% pour les Marocains. Pour la première génération, cela reste la première option. Un changement radical d'orientation qui se fait au profit d'union locales entre immigrés du même groupe ethnique, pointe une étude de l'UGent.

Le mariage n'a plus vraiment la cote. Beaucoup de couples hésitent à se passer la bague au doigt. Ce n'est pas le cas des migrants : chaque année, le registre national encode toujours plus d'unions de personnes avec un passé migratoire.

Ainsi, le nombre d'unions dans lesquelles au moins un des deux conjoints est un migrant a augmenté de 41 % entre 2001 (9 914 mariages) et 2008 (14 019 mariages). Le nombre de cohabitations légales a, lui, carrément explosé, passant de 223 à 2 075 (soit une multiplication par 14).

Passé migratoire

Cela implique qu'au niveau des mariages conclus en Belgique, une part de plus en plus importante concerne des personnes avec un passé migratoire, souligne Frank Caestecker, professeur en Sciences administratives et gestion publique de l'Université de Gand (UGent), qui a mené une recherche pour tenter de cartographier, à partir de données quantitatives, les choix conjugaux des personnes avec un passé migratoire. Il a ainsi relevé toutes les modifications dans l'état civil - en raison d'un mariage ou d'une cohabitation légale - entre le premier janvier 2001 et le 31 décembre 2008 (soit au total 107 560 unions), en se concentrant sur les populations marocaine et turque, qui comptabilisent plus de la moitié des mariages (51 %).

Il s'agit des deux plus grandes communautés de migrants extra-européens installées en Belgique : 160 000 habitants d'origine turque (sans compter les enfants de la troisième génération, nés avec la nationalité belge) et plus de 250 000 personnes d'origine marocaine (sans les descendants nés belges) sont recensés par le registre national.

Au profit d'unions locales

Les résultats ? La popularité globale des unions avec migrations du conjoint diminue, durant la période couverte, pour passer d'un peu plus de 50 % en 2001 à 43 % en 2008. Cette diminution s'est faite essentiellement au profit d'unions locales et homogames (entre personnes de la même communauté installées en Belgique), dont le taux augmente de 25 % en 2001 à 31 % en 2008. Le taux des mariages mixtes augmente proportionnellement moins, passant de 23 % à 26 %.

Le professeur Caestecker repère dans ces évolutions statistiques "un changement radical d'orientation" chez les migrants de deuxième génération, la réorientation ayant été un peu plus radicale chez les Belgo-Turcs que chez les Belgo-Marocains (voir infographies ci-dessous). Du coup, la différence positive qui existait chez les migrants marocains de deuxième génération, qui optaient déjà davantage pour un conjoint immigré, a disparu.

Les immigrés de la deuxième génération qui choisissent un époux migrant représentent désormais moins de la moitié : 39 % pour les Turcs et 38 % pour les Marocains.

"Si cette tendance se confirme, nous pourrons constater d'ici quelques années qu'une grande majorité de Belgo-Turcs et Belgo-Marocains choisiront des unions locales majoritairement homogènes du point de vue ethnique", avance encore le professeur Caestecker.

La faible stabilité des mariages entre migrants de deuxième génération et conjoints migrants constituerait une explication plausible à cette réorientation.

Cette recherche couvre une période durant laquelle les migrants pouvaient réaliser leurs choix conjugaux sans être trop affectés par les décisions politiques. Mais depuis 2011, le gouvernement a donné un tour de vis dans le regroupement familial, en exigeant des critères plus sévères pour la migration des conjoints. Quel impact ces nouvelles dispositions auront-elles sur les choix conjugaux ? On ne pourra le constater que dans les années qui viennent.

15 juillet 201, Annick Hovine

Source : Lalibre.be

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