vidéo Il n'y avait que lui pour interpréter cette force tranquille, cette sagesse, ce réconfort. Dans le film "La Marche", Olivier Gourmet porte à merveille le costume (ou plutôt la soutane) du curé de la cité des Minguettes, qui soutiendra, moralement et physiquement, cette poignée de jeunes désireux de répondre au racisme avec une marche pacifique. Son personnage est l'un des socles de ce mouvement. Il est l'épaule solide sur laquelle s'appuyer et pleurer si nécessaire.
"La Marche" est une réussite, Olivier Gourmet en est l'une des raisons. "J'adore le cinéma qui prend en mains des faits de société, pour sensibiliser les gens, les ouvrir au débat", nous confiait-il il y a quelques jours, lors de la présentation du film à Bruxelles. "Pas celui qui moralise, culpabilise ou juge. Tout dès le départ était porté d'espoir. A la limite même naïvement. C'était l'une des mes craintes: que le message soit trop naïf, qu'on dise que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et que oui, il y a du racisme mais qu'ensemble, en marchant, on va finir par changer les choses. J'avais peur que les gens viennent au cinéma en se disant: "Je vais voir un film sur le racisme, j'ai fait mon action." J'avais peur que ça s'arrête là. Ca sera peut-être le cas. Mais j'espère que le film fera comprendre qu'on peut accepter les différences à partir du moment où il y a un vrai respect mutuel, de la tolérance. Aux jeunes surtout, parce que l'avenir leur appartient. Si le film peut faire passer ce message, il sera réussi.
La marche, c'était il y a 30 ans et on constate que rien n'a vraiment changé. Ca vous fait peur?
Je pense que le racisme a muté, comme la grippe a muté. On a essayé des parades, ça a marché un temps et ça s'est transformé. Les attentats du 11 septembre n'ont pas aidé à l'intégration des Arabes puisqu'il y a eu un amalgame terrible. On s'imagine depuis que tous les Arabes veulent la fin de la chrétienté, la fin d'une culture au profit de la leur. On a assimilé tout ce qui était arabe à cela. Mais quand on a l'habitude de croiser des personnes maghrébines, on se rend compte très vite que c'est très rare de rencontrer quelqu'un qui tient ce discours là. Je ne veux pas me positionner sur "comment regarder l'islam aujourd'hui". Je ne suis pas compétent pour le faire. Mais il y a beaucoup d'amalgames, il faut en tenir compte. Cet amalgame fait qu'aujourd'hui, l'intégration n'est pas une réussite. Ca et la crise économique...
26/11/13, Déborah Laurent
Source : 7sur7.be