Le 17 septembre, plusieurs dizaines d'immigrants africains ont tenté de pénétrer dans l'enclave espagnole de Melilla. Les incidents ont fait sept blessés. Melilla, tout comme Ceuta plus à l'ouest, les deux seules frontières terrestres de l'Union européenne en Afrique, constituent une porte d'entrée pour l'Europe.
L'Espagne a beau jeu de se plaindre de la souveraineté britannique sur Gibraltar. Elle évite de s'étendre sur sa présence au Maroc, dans deux enclaves distantes de 150 km. Des confettis d'Espagne et donc d'Europe qui fonctionnent comme autant de miroirs aux alouettes pour les plus pauvres du continent africain.
Et comme l'Europe, et encore moins l'Espagne, n'entendent pas «accueillir toute la misère du monde», selon l'expression de Michel Rocard, ces deux territoires se sont barricadés, repliés sur eux-mêmes, faisant la chasse aux migrants trop téméraires.
Autour des barbelés, 11 km de long pour Melilla, les incidents se multiplient. Le 17 octobre 2013, 700 migrants ont tenté de franchir la frontière de ces deux enclaves. Un mois plus tôt, à Melilla, six gardes civils espagnols ont été blessés lors d'une tentative de franchissement massif.
Côté migrant, les victimes sont plus nombreuses. Une ONG l'Association Rif des droits de l'Homme parle de 41 migrants morts ces deux dernières années.
Ces migrants viennent du sud-Sahel, mais aussi plus localement du Maroc ou d'Algérie, distante de quelques kilomètres.
Une fois dans la place, ils vont tenter de gagner l'Espagne en montant à bord d'un ferry, planqués dans la remorque d'un camion.
Et le bilan est sûrement plus lourd encore pour ceux qui tentent de passer par la mer. 1400 personnes ont été récupérées depuis le début de l'année sur des embarcations de fortunes.
Mais combien d'autres sont mortes sans que personne ne le sache ?
25/10/2013 , Jacques Deveaux
Source : francetvinfo