L'ONG Open Society publie ce mercredi son rapport d'enquête et un clip vidéo pour «réveiller la société»...
Ils sont producteurs, artistes, assistantes sociales, animateurs ou étudiants en droit. Dans un clip réalisé par l'ONG Open Society Justice Initiative, ils racontent leur expérience du contrôle d'identité. «Quelque chose qui me restera à vie dans la tête» pour Adil, cinéaste à Lille. «Une humiliation», pour Saïd, responsable associatif et père de quatre enfants. «Une crainte», soulève Youssouf, étudiant en sciences politiques à Lyon.
Tous rapportent un sentiment de discrimination au cours de contrôles de police. Selon les chiffres avancés par l'organisation, «les individus perçus comme "noirs" subissent des contrôles de police à une fréquence six fois plus élevée que ceux dont l'apparence est blanche».
Le récépissé abandonné
«L'idée de ce rapport d'enquête est de réveiller et d'alerter la société. On perçoit ce problème des contrôles au faciès comme marginal. Mais c'est très inquiétant. Seuls ceux qui n'ont jamais été contrôlés ne voient pas le problème», assure Lanna Hollo, de l'ONG Open Society Justice Initiative.
Cette campagne en faveur d'un encadrement plus stricte des contrôles d'identité réalisés par les forces de l'ordre intervient un an après l'abandon des récépissés. Face à la pression des syndicats de police, hostiles à cette mesure, Manuel Valls avait décidé d'enterrer l'idée d'une distribution d'un reçu aux citoyens contrôlés sur la voie publique. Alors même que la lutte contre «les contrôles d'identité au faciès» figurait à l'engagement numéro 30 des promesses du candidat François Hollande.
Retour du matricule?
«C'est très dommage que la hiérarchie policière et l'Intérieur reculent sur cette question. Il faut une prise de conscience sociale sur cette question», poursuit Lanna Hollo qui préconise, en appui des récépissés, un meilleur encadrement juridique des contrôles et palpations de sécurité ainsi qu'un renforcement de la formation des policiers.
Si le récépissé a été enterré, l'idée de munir les patrouilles de caméras fait son chemin. «La mesure est en expérimentation. Les retours sont positifs puisqu'à chaque fois que les policiers déclenchent la caméra, la tension baisse lors du contrôle», détaille Christophe Crépin, du syndicat Unsa-Police.
Enfin, le Code de déontologie des policiers prévoit un retour du matricule, visible sur les uniformes. «A condition, poursuit Christophe Crépin, que ce numéro, pour des raisons de sécurité, soit différent du matricule administratif [qui donne accès à toute la vie du policier, ndr]. Nous voulons aussi que toutes les forces de l'ordre en soient équipées, à savoir également les gendarmes et les douaniers.»
24/9/2013
Source : 20minutes.fr