Les participants à une réunion du dialogue euro-africain sur la migration et le développement, connu sous l'appellation "Processus de Rabat", ouverte mercredi à Dakar, ont plaidé en faveur de la pérennisation de cette feuille de route qui, depuis sa création en 2006, a évolué de façon satisfaisante et a réalisé des progrès tangibles.
Compte tenu des progrès tangibles tant en matière du dialogue politique que dans la mise en œuvre de projets concrets au niveau bilatéral, régional et multilatéral, et de son utilité largement reconnue, le processus de Rabat à vocation à s'inscrire dans la durée et doit être soutenu et pérennisé, ont ajouté les participants à cette réunion placée sous le thème "Renforcer la prise de décisions politiques sur la base de données migratoires probantes".
S'exprimant à cette occasion, le directeur général des Affaires juridiques et consulaires du ministère sénégalais des affaires étrangères, l'ambassadeur Cheikh Tidiane Thiam, a rappelé que le processus de Rabat est un processus intergouvernemental et que son succès demeure tributaire de la participation active des Etats partenaires.
Et de poursuivre que l'avenir de ce processus requiert d'approfondir le dialogue politique, tout en oeuvrant pour obtenir des résultats concrets sur le terrain, relevant que les actions proposées par la stratégie de Dakar pour la période 2012-2014, doivent être encouragées, supervisées et transposées par les parties concernées.
Il est crucial que ces actions soient mises en œuvres à travers des initiatives de nature non- financière, telles que les mesures législatives et réglementaires et les mesures de soutien technique et de renforcement des capacités, a dit M. Thiam, insistant sur la nécessité d'effectuer la collecte des données sur les mouvements migratoires et de mettre en place des mécanismes permettant de les étudier.
Ces données sont décisives pour la mise en place des politiques et mesures nécessaires à une gestion conjointe et mutuelle de la migration, a-t-il expliqué, relevant que pour la mise en œuvre d'initiatives en la matière, il importe de maintenir une étroite cohérence et complémentarité entre le processus de Rabat, d'une part, et les autres cadres régionaux sur la migration entre l'UE et les Etats d'Afrique.
D'autre part, il est indispensable d'encourager les synergies entre les différents cadres, d'éviter les chevauchements notamment en matière de mise en œuvre de projets spécifiques et d'assurer la complémentarité de leurs objectifs dans leurs domaines géographique et thématique respectifs, a-t-il estimé.
Pour sa part, l'ambassadeur de Belgique au Sénégal, Joham Verkammen, a fait savoir que depuis son lancement au Maroc en 2006, lors de la première conférence euro- africaine sur la migration et le développement, le processus de Rabat est l'effort probablement le plus ambitieux entrepris dans le cadre du dialogue migratoire entre l'EU et l'Afrique.
Ce processus offre aux pays d'Afrique du Nord, Occidentale et Centrale et aux Etats membre de l'UE un modèle unique de coopération régionale en matière migratoire, impliquant à la fois les pays d'origine, de transit et de destination, a-t-il dit, appelant les divers partenaires à alimenter cette coopération et ce dialogue via l'expertise requise afin d'atteindre les objectifs escomptés.
Sur un autre volet, il a fait savoir que la stratégie de Dakar, telle qu'émanant de la troisième conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement tenue il y'a près d'un an à Dakar dans la capitale sénégalaise, repose sur le constat que le processus de Rabat a établi un cadre de dialogue solide et fructueux entre les pays concernés par la route migratoire ouest africaine, notant que ce cadre a permis le développement d'une coopération renforcée à travers la mise en œuvre de nombreuses initiatives bilatérales, régionales et multinationales.
M. Verkammen s'est félicité également de la tenue de cette réunion destinée à permettre l'établissement d'un partage des connaissances et un échange fructueux des pratiques existantes de collecte et d'analyse des données, afin d'aider les acteurs et décideurs africains et européens à mieux coordonner leurs actions dans ce domaine si important et sensible qu'est la migration.
Co-présidée par le Sénégal et le Royaume de Belgique, cette réunion de deux jours, s'inscrit dans le cadre du programme d'activités proposé par le Projet de Soutien à la troisième phase du Processus de Rabat, la Stratégie de Dakar, financé par l'Union Européenne et mis en œuvre par le Centre International pour le développement des politiques migratoires (ICMPD), et la Fondation internationale et pour l'ibéro-Amérique d'Administration et de politiques publiques (FIIAPP).
Cette réunion est l'occasion pour examiner les principaux défis, échanger les bonnes pratiques, formuler des solutions communes pour la prise de décisions politiques informées, de lancer des activités d'approfondissement des connaissances migratoires relatives aux profils migratoires et à l'i-Map, identifier les pays cibles de ces activités, et enfin d'évaluer le progrès réalisés dans la mise en œuvre de la feuille de route de la stratégie de Dakar et renforcer le réseau des points focaux nationaux.
Les travaux de cette réunion se déclineront en plusieurs sessions traitant des questions notamment de la prise de décisions politiques informées, les profils migratoires comme processus pour soutenir la prise de décisions politiques informées, l'inclusion sociale et migration, et l'activité sur les profils migratoires : vers des guides d'utilisation sur mesure.
Le Processus de Rabat réunit depuis 2006, près de 60 pays européens et africains ainsi que la commission européenne (CE) et la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour répondre aux questions soulevées par les enjeux migratoires. Ce dialogue intergouvernemental offre un cadre de consultation et de coordination, et permet de répondre aux défis liés aux migrations et encourager des opportunités d'échange et de développement.
11 sept. 2013
Source : MAP