dimanche 24 novembre 2024 19:52

Des milliers de sans papiers doivent quitter l'Arabie mais rêvent d'un retour

Des dizaines de milliers de travailleurs en situation irrégulière se préparent à quitter l'Arabie saoudite avant l'expiration le 3 juillet d'une amnistie royale, mais tous rêvent déjà d'un retour dans le royaume pétrolier.

Sous un soleil de plomb, Ibrahim, un Egyptien à la barbe rousse, fait la queue dans la matinée avec des centaines d'étrangers, en majorité Asiatiques, devant un centre des services de l'immigration à Ryad.

"Je suis arrivé à quatre heures du matin. J'attends toujours mon tour pour obtenir un ordre d'expulsion", dit l'homme, l'air abattu, suant à grosses gouttes.

Ibrahim travaille depuis quatre ans dans la construction, mais dit être en situation irrégulière, son visa ayant expiré.

Son seul espoir est de pouvoir "revenir en Arabie saoudite, car la situation est très mauvaise en Egypte", où les difficultés économiques et le chômage se sont accentués depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011.

Depuis le début de l'année, les autorités saoudiennes ont annoncé de nouvelles réglementations visant à traquer les immigrés en situation irrégulière. Elles exigent que les expatriés travaillent exclusivement chez celui qui leur a fourni le visa de travail.

Elles ont assorti ces décisions d'une vigoureuse campagne d'expulsions, semant la panique parmi les travailleurs.

Début avril, le roi Abdallah Ben Abdel Aziz a cependant accordé un sursis de trois mois aux travailleurs étrangers pour régulariser leur situation ou quitter le royaume, et éviter ainsi de figurer sur une liste noire ou risquer une peine de prison et une amende.

Les autorités expliquent ces nouvelles réglementations par une volonté de réduire le nombre de travailleurs immigrés dans le pays de quelque 27 millions d'habitants, pour favoriser l'emploi des Saoudiens.

"Je fais la queue depuis 06H00 du matin pour obtenir un ordre d'expulsion (...)", dit Abdel Azim Chahid, un Bangladeshi qui commence à perdre espoir à l'approche de l'heure de fermeture du centre en fin d'après-midi.

Ce jeune homme de 28 ans travaille depuis huit ans en Arabie saoudite. Il indique avoir "travaillé pendant les deux premières années dans une épicerie pour rembourser son titre de séjour", acheté à prix d'or à un "parrain" qui l'a fait venir sans lui offrir un emploi, une pratique courante dans le royaume.
La pratique du parrainage des expatriés, dénoncée par les organisations de défense des droits de l'Homme, est une affaire juteuse pour beaucoup de Saoudiens qui peuvent se livrer à un trafic de visas de travail.

Le Bangladeshi a un seul espoir, revenir ultérieurement, d'une façon réglementaire, dans ce riche pays pétrolier devenu un eldorado pour des millions d'Asiatiques et d'Arabes à la recherche d'un emploi.

Mouzafar Soleiman, un Indien d'âge mûr qui travaille dans le transport, caresse le même espoir.

Il se plaint du "mauvais traitement" qu'il a subi durant ses dix années passées dans l'illégalité dans le royaume.

"Nous payons le prix des erreurs de ceux qui nous ont fait venir pour nous vendre" à des employeurs sans scrupule, renchérit Bahar Mohamed, un Pakistanais.

Les files s'allongent également devant les ambassades d'Inde, du Bangladesh, d'Indonésie et des Philippines, les travailleurs cherchant à renouveler leur passeport ou régulariser leurs papiers avant l'expiration du délai.

Selon les autorités, plus de 200.000 personnes en situation irrégulière ont été expulsées au cours des trois derniers mois.

L'Arabie saoudite compte 8 millions de travailleurs étrangers selon des chiffres officiels et le nombre des clandestins est estimé à deux millions.

Selon le ministre du Travail Adel Fakih, deux millions de Saoudiens sont au chômage, dont beaucoup de diplômés et de femmes.

Mais de l'aveu même du ministre, les Saoudiens rechignent à occuper des postes subalternes et mal payés, occupés par quelques six millions d'étrangers.

29 mai 2013

Source : AFP

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