Les ministres et représentants de 17 pays européens ont signé, lundi à Rome, une Déclaration contre le racisme et l'intolérance, demandant aux Etats membres et à la commission européenne d'élaborer un "Pacte 2014-2020 pour une Europe de la diversité".
Baptisée "Déclaration de Rome", cette initiative se veut un geste de soutien envers la première ministre noire italienne, Cécile Kyenge, victime, depuis quelques mois, de propos racistes et d'actes xénophobes.
Ce geste de solidarité avec une collègue est, en effet, sans précédent dans l'histoire de l'UE et intervient sur une initiative de Joëlle Milquet, vice-Premier ministre belge et ministre chargé de l'Intérieur.
Visiblement émue devant les représentants des médias, la ministre italienne de l'Intégration, Mme Kyenge, a dit apprécier le geste de ses collègues, soulignant que le problème ne la concerne pas personnellement, mais il concerne aussi "les institutions du pays".
"L'Europe est également faite de personnes de couleur de peau différente, d'appartenance religieuse et ethnique différente. Il s'agit de gens nés à l'étranger, mais qui ont choisi de s'installer en Europe", a-t-elle dit.
La ministre de l'Intégration, qui est née en République démocratique du Congo (RDC), a été la cible d'une série d'actes à caractère raciste depuis sa nomination en avril dernier.
Des militants du parti d'extrême droite Forza Nuova ont déposé dernièrement des mannequins couverts de sang factice devant la porte d'un bâtiment administratif à Rome, dernier acte raciste en date visant la première ministre noire italienne.
Au mois de juillet, un sénateur membre de la Ligue du Nord (parti anti-immigration) avait comparé Cécile Kyenge à un orang-outan.
Pour elle, ces agressions ne la visent pas personnellement, mais, a-t-elle expliqué dans un récent entretien à la chaîne française TV5 monde, "elles sont dirigées contre chaque citoyen".
Menacée de mort, Mme Kyenge (49 ans) ne se déplace plus sans escorte policière. Dans une autre déclaration à BBC-Afrique, elle avait fait savoir qu'elle n'a "jamais pensé à quitter son poste et (n'y pensera) jamais".
Elle affiche une volonté farouche de changer la situation et lutter contre le racisme et les inégalités dont pâtissent les immigrés en Italie, concentrant son énergie dans le sens de leur assurer le "droit du sol" (un immigré doit passer au moins dix ans en situation légale avant de pouvoir prétendre à la nationalité italienne. Ses enfants nés en Italie n'obtiennent pas automatiquement la nationalité).
Arrivée de République démocratique du Congo en 1983 pour suivre des études de médecine, elle s'engage des années plus tard pour la cause de migrants avant d'entrer en politique et être nommée au sein de l'actuel gouvernement ministre (sans portefeuille) de l'Intégration.
23 sept. 2013
Source : MAP