Alors que le royaume poursuit son plan de réduction du nombre de travailleurs immigrés, des sans-papiers indonésiens ont violemment protesté contre les conditions de leur régularisation.
Des travailleurs illégaux font la queue devant les bureaux de l'immigration saoudiens, à Riyadh, le 28 mai 2013. L'Arabie saoudite a lancé un vaste plan de contrôle migratoire, et cherche à faire passer la part de résidents étrangers dans la population de 30 à 20 %.
Une amnistie temporaire pour réguler l'immigration
Les Indonésiens réunis au consulat de Djedda attendaient de régulariser leurs papiers, dans l'espoir de ne pas être expulsés du royaume. Car depuis le début de l'année 2013, l'Arabie saoudite a fait du contrôle de l'immigration son cheval de bataille.
Le pays a donné trois mois aux sans-papiers pour s'enregistrer auprès des autorités, ou accepter d'être renvoyés vers leur pays d'origine en étant exonérés d'amende. Ce plan d'amnistie prendra fin le 3 juillet prochain, d'où l'empressement des travailleurs illégaux à obtenir leurs papiers. Après cette date, ils seront passibles d'une peine allant jusqu'à deux ans de prison et l'équivalent de 20 000 € d'amende.
Diminuer le nombre de migrants pour réduire le chômage
Environ deux à trois millions de travailleurs étrangers vivent en Arabie saoudite sans papiers. Nombre de migrants originaires d'Inde, d'Indonésie, des Philippines ou du Pakistan restent sur place une fois leur visa expiré, parfois sans passeport ou documents officiels.
380 000 d'entre eux ont déjà quitté le pays depuis le début de l'année 2013, dans le cadre du plan d'amnistie, qui semble bien fonctionner. Au cours des deux derniers mois, 180 000 étrangers en situation irrégulière ont accepté de plier bagages. La plupart espère revenir ultérieurement.
In fine, les autorités saoudiennes comptent réduire la part de résidents étrangers à 20 % de la population totale, contre près de 30 % actuellement, et augmenter ainsi le nombre d'emplois destinés aux Saoudiens. Selon le ministre du travail, Adel Fakih, deux millions de Saoudiens sont au chômage, dont un certain nombre de diplômés.
Des relations tendues avec l'Indonésie
Les émeutes de dimanche constituent une source d'embarras pour l'Indonésie, qui se dit dépassée par l'afflux de ses ressortissants aux portes de son consulat et a officiellement demandé à l'Arabie saoudite de repousser la date d'expiration de l'amnistie.
Outre les nombreux cas de maltraitance de domestiques d'origine indonésienne dans le royaume, dénoncés par les organisations de défense des droits de l'homme, les relations entre les deux pays ont été ternies par l'exécution, le 18 juin 2011, d'une employée de maison indonésienne accusée d'avoir tué sa patronne. L'Indonésie avait alors rappelé son ambassadeur, avant d'interdire toute nouvelle migration de ses citoyens vers l'Arabie saoudite.
11/6/2013, Lou GARÇON
Source : La Croix