La mission d'information sur les immigrés âgés a auditionné mardi 11 juin les ministres du logement et de la ville. Plus de 350 000 étrangers non communautaires installés en France ont en effet plus de 65 ans. Cécile Duflot prévoit plusieurs mesures destinées à sécuriser et améliorer leurs logements.
Pascal Lamy souhaite qu'une aide à la réinsertion des anciens migrants dans leur pays d'origine soit mise en place.
Les immigrés âgés, souvent confrontés à la précarité
La mission d'information sur les immigrés âgés de l'Assemblée nationale, présidée par Denis Jacquat (UMP) et dont le rapporteur est Alexis Bachelay (PS), a poursuivi mardi 11 juin un long cycle d'auditions entamé fin janvier. Celles-ci portent sur les questions de santé, de logement, de droits et de prestations sociales touchant les vieux immigrés, souvent en grande précarité.
Plus de 350 000 étrangers non communautaires installés en France ont en effet plus de 65 ans. Et la plupart ont exercé des métiers pénibles en participant au développement économique du pays durant les Trente Glorieuses.
Une loi sur le logement fin juin
Après avoir entendu les ministres Marisol Touraine, Michèle Delaunay, Marie-Arlette Carlotti et Manuel Valls, la mission d'information auditionnait mardi Cécile Duflot, ministre de l'égalité des territoires et du logement, et François Lamy, ministre délégué chargé de la ville.
En introduction de ses échanges avec les députés, Cécile Duflot a rappelé que le projet de loi sur le logement et l'urbanisme qui sera présenté en conseil des ministres fin juin (sans doute le 26) comptera parmi les principales mesures une « garantie universelle des revenus locatifs » (GURL). Ce texte dit « loi Duflot 2 », de plus de 84 articles, comprendra aussi des dispositions pour lutter contre la précarité de l'habitat des immigrés âgés.
Accélérer le plan de traitement des foyers
« Préoccupée » par les conditions de vie de cette population, la ministre du logement a particulièrement insisté sur la nécessité d'accélérer le plan national de traitement des foyers de travailleurs migrants en redéfinissant « les conditions et le projet de l'ADOMA, l'entreprise chargée de l'insertion par le logement. Mais à une « condition », a-t-elle dit, celle de « ne pas prendre le risque de voir disparaître la dimension éminemment sociale de l'organisme ».
Environ 700 foyers accueillent des travailleurs migrants, a rappelé le rapporteur Alexis Bachelay. Environ 50 % d'entre eux ont bénéficié du plan de traitement soit par la réhabilitation, soit par la reconstruction. Mais 340 de ces foyers, construits dans les années 1970 et 1980, ont bénéficié de peu de travaux et de maintenance.
Cécile Duflot a aussi mis l'accent sur la nécessité de « construire des projets collectivement avec les gestionnaires, les propriétaires et les collectivités locales ». Favorable à des logements partagés dans le temps par plusieurs résidents, elle s'est dite « ouverte à lever les obstacles » à cette possibilité.
Refonder la politique d'intégration
Pour sa part, le ministre délégué à la ville François Lamy a appelé à « refonder la politique d'intégration ». Il a rappelé que le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait engagé une concertation à ce sujet, qui débouchera sur « des conclusions d'ici à septembre » et « un document de stratégie générale en octobre ». Un volet spécifique sera consacré aux immigrés âgés.
Encourager la création de carrés musulmans
Insistant sur « la reconnaissance de l'histoire et de la mémoire », François Lamy a indiqué qu'il mettra en place la semaine du 17 juin un groupe de travail avec l'historien Pascal Blanchard, spécialiste de la colonisation et de l'immigration, afin d'élaborer pour l'automne des propositions concrètes prenant en compte la mémoire dans les contrats de ville.
Au passage, soucieux de répondre aux vœux des migrants qui veulent être « enterrés selon les rites des familles », il a souhaité encourager la construction de « carrés musulmans à l'intérieur des cimetières ».
Pouvoir toucher ses aides tout en résidant dans son pays d'origine
Enfin, comme la ministre des affaires sociales Marisol Touraine le 28 mai, François Lamy s'est dit « favorable » à la publication des décrets d'application de la loi « DALO » de 2007. Dans ce texte sur le droit au logement opposable, les articles 58 et 59 prévoyaient la création d'une « aide à la réinsertion familiale et sociale des anciens migrants dans leur pays d'origine ».
Cette aide devait permettre à ceux qui souhaitent résider durablement dans leur pays d'origine et d'y percevoir une aide comparable aux prestations versées sous condition de résidence ou d'occupation d'un logement.
La mission d'information parlementaire doit désormais s'atteler à la rédaction de son rapport, pour une publication prévue début juillet.
12/6/13, CORINNE LAURENT
Source : La Croix