L'instance de réflexion sur l'inclusion des étrangers et des Français d'origine étrangère, créée en 1989 par le gouvernement de Michel Rocard, n'assure plus sa mission depuis avril dernier.
Pourquoi avoir désactivé le Haut Conseil à l'intégration ?
Depuis janvier dernier, le Haut Conseil à l'intégration (HCI) n'est plus qu'une coquille administrative vide. L'instance au service de Matignon n'a plus de président. Il n'est plus saisi pour émettre des avis. Il n'a plus de budget. Le dernier rapport qu'il a discrètement rendu au premier ministre en avril n'a fait qu'accentuer la rupture.
Le HCI y proposait en effet d'interdire le port du voile à l'université, ce qui avait provoqué l'ire de Jean-Marc Ayrault. « Au départ créé pour bâtir des préconisations sur la base de données scientifiques, le HCI a pâti dans ses derniers écrits de partisianisme. Ses orientations ont de plus en plus été marquées par l'obsession du communautarisme, avec la mise en avant d'un modèle de Français auquel tout le monde doit se soumettre », justifie un conseiller du premier ministre.
L'ancien président de l'instance, Patrick Gaubert, se défend de toute prise de position idéologique. « Le HCI a toujours été une table de discussion où tous les points de vue s'affrontent. Ce qui dérange, c'est qu'un conseil ose parler en toute indépendance des problèmes liés à l'intégration en France, au risque de fâcher tout un pan de l'électorat à l'aube des élections municipales et européennes. »
Par quoi cette instance sera-t-elle remplacée ?
Cinq groupes de travail, en partie formés par d'anciens membres du HCI, planchent actuellement sur les difficultés que rencontrent les immigrés, sur des thèmes aussi variés que la formation, l'emploi, l'accès au droit, la culture ou la citoyenneté. Les universitaires, responsables associatifs, syndicaux et représentants des services publics associés à la réflexion doivent rendre leurs conclusions fin octobre (lire La Croix du 15 juillet).
Après quoi, le gouvernement aura un mois pour définir un plan interministériel en faveur de l'intégration. « Il est très probable qu'à l'issue de cette concertation, le HCI et l'Observatoire des statistiques de l'immigration et de l'intégration seront remplacés. L'État a besoin d'une entité la plus neutre possible pour guider ses décisions », explique-t-on à Matignon.
Déjà, le vocabulaire change. Il n'est plus question d'« intégration », encore moins d'« assimilation », terme qui implique une pleine adhésion des immigrés aux modes de vie de la société d'accueil. Une nouvelle expression se dégage, celle de « société inclusive », comprenez : le vivre ensemble est l'affaire de chacun.
23/9/13, JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS
Source : La Croix