Le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, qui faisait déjà partie des 110 propositions de François Mitterrand en 1981, est l'exemple des promesses que la gauche a du mal à tenir. Une telle réforme suppose en effet que l'Assemblée et le Sénat adoptent un projet de loi constitutionnelle dans les mêmes termes, et que le texte obtienne la majorité des 3/5e au Congrès réuni à Versailles. L'opposition résolue des parlementaires UMP et UDI à cette mesure rend impossible de rassembler actuellement une telle majorité.
Dans sa deuxième conférence de presse, le 16 mai, François Hollande s'était engagé à présenter, après les élections municipales de 2014, un texte au Parlement autorisant le droit de vote aux élections municipales et européennes pour tous les étrangers résidant en France. Pour Thierry Mandon (Essonne), le porte-parole du groupe socialiste, «le calendrier choisi par le chef de l'État est une réponse qui satisfait les parlementaires».
Vers le principe de réciprocité?
Partisan du droit de vote universel des étrangers aux élections locales, Pouria Amirshahi, député PS de la 9e circonscription des Français de l'étranger, avance une proposition: «Je pense que l'on peut obtenir une majorité au Congrès à la condition qu'il y ait la réciprocité dans les pays d'origine, comme cela existe au Maroc ou au Cap-Vert.» Amirshahi, qui a écrit au chef de l'État à ce sujet, estime qu'il y a là «une porte de sortie et une voie de négociation possible» avec les élus de l'opposition.
Reste que la pression est forte à gauche. Réunis par les écologistes Esther Benbassa et Sergio Coronado, des élus nationaux et locaux de gauche se sont rassemblés le 25 mai au Sénat pour une cérémonie symbolique, «une piqûre de rappel», selon la formule de la sénatrice du Val-de-Marne. «Très attaché au droit de vote», le député PS de l'Isère Erwann Binet insiste: «Il ne faut absolument pas enterrer cette mesure. Nous mettrons la droite devant ses responsabilités après les municipales. Le climat sera peut-être différent.»
Sur le terrain, les écologistes ne lâchent pas prise. Jeudi 20 juin, le groupe Vert du conseil municipal de Melun s'est vu refuser par le maire UMP, Gérard Millet, de voter un vœu sur le droit de vote des étrangers aux municipales. «C'est un sujet de politique nationale», a rétorqué l'élu UMP.
27/06/2013, Sophie Huet
Source : Le Figaro