«Je proposerai dans les prochains jours une politique à nos partenaires qui s'articulerait autour du triptyque prévention, solidarité, protection».
Une semaine après le drame du naufrage de Lampedusa qui a fait entre 300 et 390 morts, le chef de l'État français prend position sur le droit d'asile dans un entretien à paraître aujourd'hui dans Le Nouvel Observateur. Mais vis-à-vis de ses partenaires européens, la tâche ne sera pas facile. Sur 28 États membres, 24 sont opposés à une modification des règles de l'accord de Dublin qui impose aux pays d'arrivée de traiter les demandes. L'Union européenne «ne peut tolérer de voir au large de ses côtes des gens mourir dans des conditions épouvantables pour fuir la misère ou les guerres», assène François Hollande, qui estime que l'Europe «doit tirer les leçons» du drame de Lampedusa.
«Une politique euroméditérranéenne»
Déclinant les trois volets de sa proposition, le chef de l'État précise qu'il entend par «prévention» une «meilleure coopération avec les pays d'origine et un meilleur accueil des réfugiés au plus près des zones de conflit». La «solidarité», poursuit-il, suppose «une politique euroméditerranéenne beaucoup plus active en amplifiant encore le soutien aux pays des printemps arabes».Quant à la «protection», elle signifierait «un renforcement de la surveillance des frontières, qui est le rôle de l'agence européenne Frontex, et une lutte plus efficace contre les passeurs». Mais Frontex, qui a permis de sauver des milliers de vies ces deux dernières années, n'a pas de moyens propres, et son budget a été réduit au nom de l'austérité imposée par la crise.
Reste Lampedusa où la tension est à son comble, tant chez les immigrés entassés dans un centre d'accueil qu'au sein de la population. Hier, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso qui a prôné «des efforts plus concrets» et annoncé un déblocage de 30M€ d'aide, l'a traversée sous les huées. Là-bas, la mémoire des morts n'a pas fini de hanter l'île.
10/10/2013, Ch.R.-P.
Source : La Dépêche du Midi