Selon une étude de l'Observatoire des inégalités, entre 50 et 55% des enfants, dont la famille est originaire du Maghreb, d'Afrique subsaharienne ou du Portugal, obtiennent le bac, contre 64,2 % pour les enfants de familles non immigrées, selon les données du ministère de l'Education.
Le taux est de 33% pour les enfants originaires de Turquie, mais de 66,8% pour ceux dont la famille vient d'Asie du Sud-Est.
«Ces données sont trompeuses, car les enfants d'origine immigrée sont, en moyenne, issus de milieux beaucoup moins qualifiés. Or, pour l'ensemble de la population, le taux de bacheliers parmi les enfants dont la mère n'a aucun diplôme est de 40%, contre 90% pour ceux dont la mère est diplômée de l'enseignement supérieur. Bref, on compare des populations qui ne peuvent pas l'être.»
L'étude note que plus on monte dans la hiérarchie sociale, plus la réussite est au rendez-vous. «Si on ne considère que les enfants dont aucun des parents n'a le bac, les écarts sont quasiment nuls entre immigrés et non immigrés pour l'obtention du bac général ou technologique. Sauf pour deux types de populations : les enfants dont la famille est d'origine turque, qui réussissent moins bien que la moyenne, et ceux d'origine d'Asie du Sud-Est, qui réussissent mieux.»
L'exercice consiste à déterminer la probabilité de réussite pour des populations comparables : à catégorie sociale, niveau de diplôme des parents ou composition familiale équivalents. Hormis pour les enfants d'origine turque où les résultats ne sont pas significatifs (l'écart est trop faible), les enfants d'origine immigrée réussissent toujours mieux ! Les enfants d'origine maghrébine ou asiatique ont la probabilité la plus forte de réussite. «Au total, les enfants d'immigrés ont de moins bons résultats scolaires, non parce qu'ils sont immigrés, mais parce que leurs parents appartiennent à des milieux sociaux défavorisés. A milieu équivalent, ils sont même plutôt meilleurs», révèle l'étude.
Selon une étude du ministère de l'Education, les aspirations scolaires des enfants d'immigrés et de leurs parents sont plus fortes. Pour deux grands types de raisons : ceux qui émigrent ont souvent un projet d'ascension sociale pour eux comme pour leurs enfants ; ils n'ont pas ou ont été peu scolarisés et ils n'ont donc pas été mis en échec par le système éducatif, contrairement aux parents peu qualifiés qui ne sont pas d'origine immigrée. «Ils se positionnent donc de manière plus positive par rapport au système éducatif français», concluent les chercheurs.
L'étude va à l'encontre des discours politiques dominants. «Les difficultés rencontrées par les immigrés à l'école et par la suite dans le monde du travail sont réelles. Sauf qu'elles n'ont pas grand-chose à voir avec une question d'intégration, d'apprentissage de la langue ou autre. Les immigrés rencontrent les mêmes difficultés que les catégories modestes en général, en particulier une école taillée sur mesure pour les milieux favorisés. Renvoyer la responsabilité de l'échec scolaire ou du chômage sur les migrants n'est pas récent et, dans l'histoire de notre pays, se répète à chaque crise. C'est une façon de déterminer des boucs émissaires, mais aussi d'éviter de s'attaquer aux causes profondes des difficultés de ces couches sociales, de l'école au marché du travail.» C'est dit. Lire l'intégralité de l'étude : http://www.inegalites.fr/spip.php?article145.
25.09.13, Rémi Yacine
Source : elwatan.com