Les mois de juillet et août déçoivent cette année encore dans la lignée d'une méforme constatée depuis 2008. Les MRE à la recherche de logements principaux ont maintenu leur demande mais les spéculateurs se sont fortement désengagés. Le logement social reste particulièrement prisé dans les centres urbains de taille moyenne ou émergents.
N on, ce n'est pas la saison estivale 2013 qui marquera le retour aux affaires juteuses pour les promoteurs immobiliers. Les mois de juillet et août, habituellement très porteurs pour le secteur de l'immobilier en raison de l'afflux des MRE, sont très loin d'avoir tenu leurs promesses, de l'avis concordant des promoteurs, agents immobiliers et notaires. «Nous avons traité tout au plus une vingtaine de transactions pour le compte de MRE, alors que les opérations de ce genre se chiffraient en centaines il y a 4 ans», explique Hassan Slaoui, notaire à Casablanca et exerçant dans plusieurs autres villes. Mesurée comme à son habitude dans ses propos, la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) préfère évoquer un rythme de transactions réalisées avec les MRE globalement satisfaisant. Mohammed Iqbal El Kettani, directeur délégué de la fédération, détaille : «Les ventes ont démarré convenablement quelques semaines avant le mois de juillet du fait que les MRE sont venus au Maroc plus tôt que d'habitude à cause du Ramadan. Et depuis la fin du mois sacré, nous recensons un volume correct d'acquisitions par cette clientèle, y compris dans des villes touristiques ou des marchés d'habitations secondaires», les plus malmenés par le ralentissement qui sévit depuis fin 2008. Un point commun à tous ces acheteurs c'est qu'ils sont exclusivement portés sur l'acquisition de logements achevés, tient-on à préciser auprès de la FNPI, ce qui ne doit pas étonner au vu des mésaventures subies par cette clientèle du fait de ventes sur plan. Reste qu'en dépit de tout cela, au sein de la fédération, on concède que le rythme de transactions qui sont le fait de MRE est loin de tenir la comparaison avec la période porteuse d'avant 2008.
On est facilement tenté de justifier ce revers par les effets de la crise économique touchant les pays d'accueil des MRE. Mais il faut à ce stade faire la part des choses et distinguer entre deux grandes catégories de ressortissants qui affluent au Maroc et qui ont des comportements d'investissements dans l'immobilier différents dans la conjoncture actuelle.
Les salons et les implantations à l'étranger de plus en plus prisés par les grands promoteurs
Une première classe est constituée de ressortissants nationaux relativement aisés et prémunis de la crise, expatriés pour des raisons professionnelles, et qui profitent habituellement des vacances pour acquérir une habitation principale qu'ils occuperont une fois de retour au pays. «La demande de ces MRE spécifiquement s'est maintenue avec de nombreuses transactions sur des villas et appartements de moyen et haut standing dans les grandes villes, surtout à Casablanca et Rabat», assure William Simmoncelli, directeur de l'agence Carré Immobilier. A noter que cela n'a pas fait sensiblement fluctuer les prix, avec tout au plus des augmentations de 5% pratiquées sur certains programmes demandés.
Une seconde catégorie est constituée de MRE qui n'envisagent pas de revenir au pays et ce sont les transactions de cette dernière catégorie qui ont chuté de manière notable. Jusqu'en 2008, cette classe de MRE mettait le marché en ébullition en investissant dans des lots de terrains, des maisons économiques en R+1 ou des appartements de standing divers, le tout dans un but spéculatif. A présent, cette catégorie se fait beaucoup plus rare quand elle ne liquide pas simplement ses investissements réalisés par le passé. Une manière de faire face à la crise mais pas seulement. «La première génération de MRE cède progressivement la place à une nouvelle génération qui s'oriente moins systématiquement vers un investissement au Maroc», éclaire un promoteur immobilier. Pour autant, les MRE habitués à l'investissement immobilier spéculatif au Maroc n'ont pas complètement déserté le marché et jettent de plus en plus leur dévolu sur le logement social. Toutes les villes ont vu les écoulements de ces unités boostés par cette clientèle durant cet été. Une accélération particulièrement notable est constatée au niveau des villes émergentes ou des centres urbains moyens, tels que Béni-Mellal, El Jadida, Skhirat, Berrechid, Khouribga ou encore Meknès.
En dépit de cette demande encore prometteuse, l'idée qui fait son chemin parmi les promoteurs est qu'il y a de moins en moins lieu d'anticiper un éventuel effet MRE ponctuellement durant la saison estivale. Et c'est à dessein qu'un nombre grandissant de promoteurs préfère prendre part aux salons et foires qui promeuvent l'offre immobilière marocaine tout au long de l'année dans plusieurs villes européennes. Cela quand ils n'installent pas simplement des antennes à l'étranger à l'instar de la voie choisie par Addoha et Alliances, entre autres.
La demande locale timide aussi
Outre le marché des MRE, la clientèle locale s'est manifestée de manière très timide durant cet été, ce qui n'étonne pas en soi. «L'été concorde avec une phase d'attentisme pour les acheteurs nationaux qui reportent leurs transactions à la rentrée, une fois passées les fluctuations de prix engendrées par la demande des MRE», éclaire William Simmoncelli. Cependant, Ramadan a dérogé à cette règle avec des transactions conclues essentiellement par une clientèle en déménagement ou accédant à la propriété. «Pas de quoi dynamiser tout le marché», tempère toutefois M. Simmoncelli. Une reprise plus ferme est anticipée en revanche par les agents immobiliers pour le moyen et le haut standing, à compter de ce mois de septembre à Casablanca et Rabat, et elle proviendrait d'une forte demande exprimée jusqu'au mois de juin qui n'a pas été satisfaite jusqu'à présent. A signaler enfin une tendance constatée auprès des promoteurs immobiliers qui, contrairement à leur habitude estivale, ont été beaucoup moins actifs dans l'acquisition du foncier. Une situation qui se justifie vraisemblablement par la nouvelle fiscalité sur les terrains introduite dans la Loi de finances 2013, sans compter les stocks de produits finis qu'accumulent déjà ces professionnels.
2/9/2013, Reda Harmak
Source : Lavieeco