dimanche 24 novembre 2024 22:00

Italie : vibrant hommage aux victimes des naufrages en Méditerranée

Un hommage posthume aux victimes des naufrages en Méditerranée a été rendu, lundi, lors la "Journée nationale du souvenir des victimes de l'immigration", à l'occasion du troisième anniversaire du drame qui avait fait plus de 360 morts devant les côtes de Lampedusa le 3 octobre 2013.

Cette journée a été marquée par des témoignages émouvants de rescapés, venus à Lampedusa rendre hommage à des proches parents ou amis péris dans ce naufrage, ainsi que par des déclarations de responsables italiens appelant à des solutions radicales pour empêcher la mort de davantage de personnes lors de traversées périlleuses.

L'hommage aux victimes des naufrages est "opportun’’, mais demeure insuffisant vu l’ampleur des drames qui se répètent en Méditerranée depuis des années, a souligné dans un communiqué la présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini.

"Nous célébrons pour la première fois la journée nationale du souvenir des victimes de l’immigration, proclamée par le parlement. Ce moment de réflexion nous contraint, cependant, à penser aux guerres et aux conflits pour lesquels on n’a pas encore trouvé de solutions, en Syrie, en Irak, en Somalie et au Soudan, ainsi qu’aux engagements pris pour la répartition des migrants au sein des pays européens’’, a-t-elle ajouté. 

Mme Boldrini a fait observer que de plus en plus de personnes trouvent la mort lors des traversées en Méditerranée, rappelant que 3.500 morts ont été déjà recensés cette année, alors qu’un accord avec la Turquie a permis de réduire le nombre des victimes en mer Égée et les flux des migrants vers l’Europe.
Le 3 octobre 2013 avant l'aube, un bateau de pêche transportant plus de 500 migrants, en majorité des Érythréens a pris feu et coulé au large de l'île italienne. Pris au piège dans ses cales, au moins 366 passagers, dont un grand nombre de femmes et d'enfants, sont morts noyés. 

"Je vois encore les amis qui se noient près de moi, je me vois dans la mer en train de battre des mains et de demander de l'aide. Je voudrais ne pas y repenser mais je n'y arrive pas", confiait aux médias l'un des 155 rescapés, un Érythréen aujourd'hui réfugié politique en Suède.

Le fait que le naufrage ait eu lieu près des côtes (à environ un kilomètre) a permis de récupérer les corps des victimes, conduisant l'Italie à une large prise de conscience, d'autant que les survivants ont ensuite livré d'effroyables récits sur des cas de torture et de viol avant l'embarquement pour l'Europe.
Le gouvernement italien a alors lancé un vaste dispositif humanitaire, militaire et maritime, baptisé "Mare Nostrum", qui a permis de secourir en un an quelque 140.000 personnes, plus de 380 par jour en moyenne.

Un autre dispositif nettement allégé, géré par l'Agence européenne pour la gestion des frontières Frontex et baptisé «Triton», a pris le relais le 1er novembre 2015.

Depuis le drame de Lampedusa et le naufrage survenu en avril 2015 faisant quelque 700 morts dans le canal de Sicile, le gouvernement italien multiplie, mais sans résultats tangibles, les appels en direction de l’Union européenne pour la répartition des migrants qui arrivent en Italie sur l’ensemble des pays européens.

Dans une déclaration au lendemain du dernier sommet européen de Bratislava, le chef du gouvernement, Matteo Renzi, s’est dit particulièrement déçu du manque de résultats concernant l’immigration. "Nous ne pouvons pas laisser exploser le problème de l’immigration à cause de l’incapacité de l’Europe", a-t-il affirmé, ironisant ensuite sur l’UE qui "construit dans le même temps à coups de milliards un nouveau siège pour le Conseil européen" à Bruxelles.

« Je vais proposer de mettre devant le siège le bateau que l’Italie a récupéré au fond de la mer et qui est maintenant à Augusta", en Sicile, a-t-il affirmé. "Au moins, comme ça, chaque fois qu’il y aura une réunion, plutôt que de regarder seulement les nouveaux canapés, on regardera l’image de ce bateau et du scandale de l’immigration", a-t-il encore lancé. 

L’Italie avait renfloué le chalutier dans lequel quelque 700 migrants avaient trouvé la mort en avril 2015 au large de la Libye.

Pour M. Renzi, l’Italie est livrée à elle-même dans la crise migratoire et les solutions qu’elle avance ne sont pas suffisamment prises en compte. "Est-ce qu’on va comprendre que s’il est juste de sauver tout le monde en mer, il n’est pas possible d’accueillir tout le monde seulement dans les Pouilles ou en Sicile ?", dans le sud de l’Italie, avait-il affirmé.

La barre des 160.000 personnes hébergées en centre d'accueil en Italie a été atteinte. Depuis le début de l'année, le pays a vu arriver 132.000 migrants sur ses côtes et son système d'aide et d'accueil est au bord de l'implosion. 

3 oct 2016

Source : MAP

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