L'apport des Marocains au développement économique et social de la France, mais aussi à la défense des valeurs de liberté et de fraternité a été largement salué, vendredi au siège de la Bibliothèque nationale du Maroc (BNRM), à l'occasion d'un colloque scientifique sur la migration marocaine en France.
Cette rencontre, organisée à l'occasion du cinquantenaire de l'accord franco-marocain de main d'œuvre (1er juin 1963), a été ponctuée par plusieurs exposés sur les multiples facettes de l'immigration marocaine en France, à commencer par "l'immigration militaire" pendant les conflits du XXème siècle (1914-18 et 1939-45), en passant par la deuxième vague "économique" des "trente glorieuses", et la dynamiques d'installation et d'enracinement avec l'essor du regroupement familial à partir des années 1970.
Le sociologue et historien Elkbir Atouf a, ainsi, mis en relief le rôle "très important" qu'ont joué les Marocains dans l'institution militaire française lors de la première et deuxième guerres mondiale.
"Près de 45.000 marocains avaient contribué à l'effort de guerre imposé par la France pendant la première guerre mondiale et 35.000 autres avaient travaillé dans les usines d'armement en 1916-1918", a fait savoir ce spécialiste de la migration marocaine, en imputant ces chiffres "élevés" au regard de la population de l'époque au fait que "l'Afrique du nord était considérée comme une zone arrière pour la réorganisation des troupes de l'armée française".
Pendant la deuxième guerre mondiale, l'histoire s'est répétée et au moins 82.000 marocains ont participé à l'effort de guerre pendant la période 1939-1940, a-t-il ajouté, y voyant les prémisses d'une émigration "militarisée" comme premier aspect de l'émigration marocaine vers l'Hexagone.
Pour sa part, le cinéaste et historien, Eric Deroo s'est penché sur la participation de 50.000 soldats marocains à la guerre d'Indochine de 1946 à 1956 et sur leur comportement exemplaire en toute circonstance.
"Il est bon de rappeler que les soldats marocains ont beaucoup servi sous le drapeau français lors de la guerre de l'Indochine qui était une guerre extrêmement douloureuse qui s'est déroulée à 12.000 kms de l'Hexagone", a-t-il indiqué, en déplorant "la cristallisation" des pensions des combattants marocains dans les années 70, une injustice qui n'a été réparée que suite à des mesures présidentielles en 2007 et 2010.
De son côté, Zoubir Chattou, anthropologue et professeur à l'ENA de Meknès, a relaté, à travers d'histoires vécues, le parcours de la première génération des migrants marocains, ainsi que leurs condition de vie en France.
L'experte en matière d'archive et documentation, Tatiana Sagatni, a souligné la nécessité de valoriser le patrimoine de l'immigration marocaine en France, à travers une restitution de leur histoire. A ce titre, elle a donné un large aperçu de l'histoire de l'immigration marocaine telle que relatée par des fonds d'archives de différentes époques.
Organisé par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et l'Ambassade de France à Rabat, ce colloque d'une journée a permis d'ouvrir un débat serein et de mettre en lumière la densité des échanges humains et les multiples imbrications entre le Maroc et la France, liés par une relation d'exception et une histoire commune.
15 nov. 2013
Source : MAP