dimanche 24 novembre 2024 21:57

L'Australie ferme ses frontières aux migrants irréguliers

Le nouveau Premier ministre australien Kevin Rudd (travailliste) a annoncé qu'il expulsera vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les migrants clandestins débarquant sur l'île.

Un centre de détention australien situé sur l'île de Nauru, calciné à la suite d'une émeute de migrants, le 19 juillet 2013.

À deux mois de nouvelles élections législatives que les travaillistes ne sont pas sûrs de gagner, cette décision a été justifiée comme une façon de s'attaquer aux passeurs clandestins.

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Le premier ministre Kevin Rudd a pris une décision radicale vendredi 19 juillet en annonçant que désormais les réfugiés arrivant par bateau ne pourraient plus s'installer sur le sol australien et seraient expulsés vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée (au nord de l'Australie).

« À partir de maintenant, tout demandeur d'asile qui arrivera en Australie par bateau n'aura aucune chance d'être autorisé à rester dans le pays comme réfugié », a annoncé le premier ministre Kevin Rudd à Sydney, en présence de son homologue de Papouasie, Peter O'Neill.

Les boat people qui débarqueront sur l'île de Christmas Island (île australienne au nord de la ville de Darwin) seront envoyés au centre de rétention de l'île de Manus Island, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a ajouté le chef du gouvernement travailliste.

Mutinerie de réfugiés

À l'annonce de cette décision, des centaines de migrants venus d'Indonésie, Malaisie, Pakistan, Afghanistan, Iran et Irak, se sont mutinés au centre de rétention australien de l'île de Nauru, située en plein Océan Pacifique, peu après l'annonce du durcissement de la législation migratoire.

Armés de couteaux et de barres de métal, les 500 détenus ont réussi à prendre le contrôle du centre. Près de la moitié d'entre eux se sont échappés et des bâtiments ont été incendiés, selon des clichés du photographe local Clint Deidenang. Amnesty International a dénoncé « le jour où l'Australie a décidé de tourner le dos aux plus vulnérables de la planète ».

Chasse aux passeurs

À moins de deux mois des élections législatives, les autorités australiennes ont également annoncé dimanche 21 juillet des primes pour la capture de passeurs de migrants clandestins. Le ministre de l'Intérieur, Jason Clare, a fait savoir que la police fédérale verserait des récompenses de dizaines de milliers d'euros aux personnes ayant permis d'identifier et d'arrêter les passeurs, ainsi que leurs complices.

« Ces gens prospèrent sur la misère et la mort. Nous devons fermer ce marché. C'est la raison de ces primes », a expliqué Jason Clare. « Si vous apportez à la police l'information dont elle a besoin pour faire enfermer les passeurs d'êtres humains, vous recevrez jusqu'à 200 000 dollars (140 000 €) », a précisé le ministre.

« Vous ne pourrez pas vous installer en Australie »

Le ministère australien de l'immigration a également financé à hauteur de 2,5 millions de dollars (1,8 million d'euros) une campagne de communication visant à expliquer la nouvelle politique dissuasive contre l'immigration illégale, a rapporté le quotidien britannique The Guardian. Une image montre un bateau au milieu de l'océan, accompagné de la phrase suivante : « Si vous venez ici en bateau sans visa, vous ne pourrez pas vous installer en Australie ».

Canberra espère ainsi endiguer les flux de réfugiés, (plus de 15 000 sont arrivés par bateau en Australie depuis janvier 2013) ainsi que le business des passeurs, membres de réseaux internationaux. Des centaines de migrants périssent en mer à bord d'embarcations vétustes et inadaptées aux conditions dangereuses de navigation entre l'Indonésie et l'Australie.

23/7/13, Roméo Fratti

Source : La Croix

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