L'ONU a regretté mardi que l'Union européenne considérait l'immigration clandestine comme une menace à sa sécurité, l'exhortant à adopter une approche articulée autour de la défense des droits de l'homme.
Intervenant devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l'homme des migrants, François Crépeau, a soutenu que la politique migratoire de l'UE devrait poursuivre des objectifs autres que sécuritaires et inclure une approche articulée autour de la défense des droits humains.
''L'Union européenne a progressivement inscrit la régulation des flux migratoires et le contrôle des frontières dans un cadre répressif, et ce, au détriment de la défense des droits de l'homme'', a-t-il affirmé devant le Conseil des droits de l'homme.
''Je trouve regrettable que l'Union européenne considère principalement l'immigration clandestine comme une menace à sa sécurité'', a ajouté M. Crépeau, ajoutant qu'une telle approche était incompatible avec la conception qui voit dans chaque migrant un individu égal doté de droits.
Pendant un an, M. Crépeau a étudié les droits des migrants dans la région euro-méditerranéenne et mis l'accent sur la gestion des frontières extérieures de l'UE dans des pays de transit clés, la Turquie et la Tunisie, ainsi que dans deux des principaux points d'entrée, la Grèce et l'Italie.
''La détention systématique des clandestins est désormais vue comme un outil légitime du contrôle des flux migratoires, en dépit du manque de preuves attestant de son caractère dissuasif'', a déploré le Rapporteur spécial.
Il a, en conséquence, appelé les responsables de l'UE ''à s'attaquer aux causes de l'immigration irrégulière, telles que la demande en personnel saisonnier, peu qualifié et corvéable à merci, et à ouvrir de nouvelles possibilités d'immigration légale qui permettraient de répondre aux besoins du marché du travail de l'Union européenne''.
Dans son rapport au Conseil, M. Crépeau souligna également que le contrôle des frontières a été ''externalisé'' puisque les pays de départ ou de transit ont l'entière responsabilité de prévenir l'immigration clandestine.
L'UE devait partager cette tâche entre ses Etats membres, a-t-il préconisé.
M. Crépeau fait partie des Rapporteurs spéciaux qui présentent leur rapport annuel thématique lors de dialogues avec le Conseil des droits de l'homme dont la 23ème session se tient du 27 mai au 14 juin.
Il doit aussi présenter son rapport devant diverses instances de l'Union européenne dont le Parlement européen.
29 mai 2013
Source : APS