La Bulgarie, qui fait face à un fort afflux d'immigrants, a commencé à empêcher les migrants clandestins de pénétrer sur son territoire via la Turquie, a annoncé dimanche un responsable du ministère de l'Intérieur.
Entre samedi matin et dimanche matin, "plus de 100 personnes ont été empêchées d'entrer en Bulgarie" en traversant illégalement la frontière bulgaro-turque sur le massif de la Strandja (sud-est), a déclaré à la radio publique le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Svetlozar Lazarov.
Quelques 1.200 policiers ont été déployés vendredi sur cette partie de la frontière, faite de pentes abruptes et boisées, bravées depuis plusieurs mois par une centaine d'immigrants par jour, originaires pour la plupart de Syrie.
Pays le plus pauvre de l'Union européenne, la Bulgarie a vu arriver près de 10.000 immigrants cette année qu'elle a du mal à loger. Le gouvernement a décidé cette semaine d'expulser les migrants économiques, notamment ceux d'Afrique du nord et d'Afghanistan.
"La situation va se régulariser: nous avons bloqué la frontière et de nouveaux centres seront ouverts" pour loger, sans qu'ils puissent en sortir à leur guise, les migrants en attente d'expulsion ou de traitement de leur dossier, a déclaré M. Lazarov.
Le ministre de l'Intérieur Tsvetlin Yovtchev avait assuré lundi dernier que "les gens qui ont visiblement un problème humanitaire, notamment des mères avec des enfants, seront logés dans des foyers" et pourront circuler librement.
L'afflux de réfugiés, qui a surpris les autorités, attise les tensions nationalistes, a noté l'institut de sondages Alpha Reserach. Un nouveau parti nationaliste a été fondé samedi par des organisations extrémistes, dont une nommée "Sang et honneur". Son programme vise à "nettoyer le pays de ces ordures, les immigrants".
Les habitants du village Telich (nord) s'opposent vivement à l'ouverture d'un centre fermé pour immigrants dans une ancienne caserne et montent une garde de nuit pour empêcher l'arrivée d'étrangers. Deux hommes ont menacé de s'immoler par le feu si un tel centre était créé.
Vendredi soir, des skinheads ont battu dans le centre de Sofia un musulman bulgare qu'ils avaient pris pour un Syrien. L'homme est hospitalisé dans un état grave, a annoncé M. Lazarov, admettant "une escalade de la tension" dans le pays.
Une femme du Cameroun a annoncé à la télévision publique avoir été frappée à la tête à une station d'autobus à Sofia. Une vendeuse de la capitale a récemment été blessée à coups de couteau par un migrant, alors qu'elle défendait sa caisse.
10 nov 2013
Source : AFP