Le Maroc accueille, à partir de demain et jusqu'au 19 mai, la sixième édition de la Conférence mondiale sur la migration. Dans cet entretien, Abdellatif Maâzouz, ministre chargé des Marocains Résidant à l'Étranger, revient sur les retombées de cette réunion internationale sur les enjeux des flux migratoires.
Le Matin : Le Maroc s'apprête à accueillir, du 16 au 19 mai, la conférence mondiale sur la migration et le développement. Quels sont aujourd'hui les enjeux de la migration au niveau mondial et pour notre pays ?
Abdellatif Maâzouz : Je tiens tout d'abord à préciser que l'organisation de cette conférence est rehaussée par le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste. Et que c'est une rencontre qui en est à sa sixième édition. Mais c'est la première fois qu'elle est organisée en dehors de l'Europe et des USA. Pour répondre à votre question, je dirais qu'avec la crise, la carte de l'économie mondiale est en train d'être redessinée et cette redistribution des cartes impacte nécessairement les flux migratoires, le nombre et la typologie des migrants, y compris nos MRE. C'est pourquoi notre pays – dont presque 12% des citoyens vivent à l'étranger – tient à appréhender les grandes tendances et les évolutions en cours, et celles qui peuvent se profiler dans le futur, en matière migratoire. La migration est, de l'avis de tous les spécialistes, un phénomène qui continuera à se développer à long terme, malgré les ralentissements provoqués par la crise économique mondiale.
La conférence internationale, qui réunit des sommités mondiales en matière de migration, est une opportunité pour les différents intervenants marocains dans ce domaine de s'informer sur ces évolutions et de confronter nos expériences à celles des principaux pays connus pour leurs bonnes pratiques dans ce domaine. Les bénéfices que notre pays et nos citoyens peuvent tirer de la mobilité de nos ressources humaines sont loin d'être tout à fait mis en évidence. Nous menons une réflexion de fond, avec l'appui de nos partenaires nationaux et internationaux dans ce domaine.
En accueillant une telle manifestation, quelles retombées espérez-vous ?
Je dois souligner que la tenue de cette conférence au Maroc n'est pas fortuite. Le Royaume est désormais un pays d'émission, de transit et d'accueil de migrants. Nos bonnes pratiques en matière de gestion de la question migratoire et surtout des affaires de nos MRE sont reconnues mondialement. La tenue de cette conférence chez nous est un autre galon conquis par la bonne image internationale de notre pays. Par ailleurs, nous en attendons des retombées en termes de renforcement et d'enrichissement de notre expertise.
Autrement dit, nous allons défricher ensemble les perspectives et les défis de la mobilité migratoire, les déterminants de la migration, le transfert de savoir-faire, l'influence politique, économique et sociologique des migrants ainsi que l'émergence des réseaux de migrants et leur impact sur le développement.
Brièvement, comment pourriez-vous qualifier le phénomène de la migration telle que vécue au Maroc ?
Tracer en quelques mots les contours de notre communauté MRE avec toutes ses diversités et ses richesses n'est pas du tout chose aisée. Cependant, je tiens à rappeler que les MRE sont aujourd'hui confrontés à d'énormes problèmes causés par la crise qui sévit dans les principaux pays d'accueil. Ils sont, en effet, affectés socialement et économiquement et le pouvoir d'achat d'un bon nombre d'entre eux a considérablement souffert du chômage massif qui gangrène l'Europe. Nous leur devons solidarité et compréhension. Dans toute la mesure du possible, nous déployons tous nos efforts au Maroc et intervenons constamment auprès des responsables des pays d'accueil pour les aider à passer ce cap très difficile. Cette crise a également eu des conséquences politiques parfois peu respectueuses des droits et de la dignité d'une partie de nos concitoyens. Face à de pareilles situations, le Maroc est, et sera toujours, mobilisé à côté de ses citoyens et ne ménagera aucun effort pour protéger et préserver leurs intérêts et leurs droits légitimes. n
15 Mai 2013, Samir Benmalek
Source : LE MATIN