Le Maroc est le premier pays d'accueil des Français en Afrique. Hors Europe et Amérique du Nord, c'est leur seconde destination à l'étranger, derrière Israël, selon le ministère français des Affaires étrangères. On connaissait le phénomène des retraités qui vivent de l'autre côté de la Méditerranée. Moins celui des travailleurs immigrés en constante augmentation.
Les Français représentent la communauté étrangère la plus importante au Maroc. Au 31 décembre 2012, la Maison des Français à l'étranger les estimait à 45.269, enregistrés auprès des consulats français, principalement à Casablanca.
Mais ces chiffres fluctuent et ils seraient au moins 55.000, dont environ 60% de binationaux, selon le représentant du Maroc à l'Assemblée des Français de l'étranger, Wladimir Chostakoff.
Hormis les retraités (25.000 installés de manière légale) et les salariés déclarés, d'autres, le plus souvent des travailleurs au noir, se «débrouillent» au Maroc. Arrivés avec un visa de tourisme, ils restent pour des raisons économiques et font la navette entre les deux continents tous les trois mois pour faire tamponner leur passeport. Ils n'apparaissent pas dans les statistiques officielles.
Les jeunes diplômés franchissent la Méditerranée
«Ils sont de plus en plus jeunes; ce sont, de plus en plus souvent, des couples franco-marocains, et leur principale motivation pour émigrer reste le travail», observait dans L'Express Aurélia Picod-Kinany, docteur en sciences sociales, en juillet 2011.
Quant aux jeunes diplômés, ils sont attirés par le dynamisme de ce pays francophone à moins de 3h de Paris, qui leur procure de réelles opportunités de carrière, estime France 24. Il semblerait que «les diplômes français et la rigueur du travail "à la française" y sont recherchés». Des embauches qui se sont faites longtemps au détriment de celles des jeunes Marocains, souvent moins considérés et moins bien payés, précise le site de la chaîne de télévision.
Un phénomène européen
Aujourd'hui cependant, les autorités marocaines ont mis un bémol à ce phénomène. Elles demandent aux entreprises un certificat d'embauche stipulant «l'absence de candidats nationaux pour occuper le poste proposé au salarié étranger». Histoire de protéger son marché et, en quelque sorte, de s'acheter la paix sociale.
En janvier 2013, Europe 1 constatait toutefois que le nombre de ces nouveaux diplômés français avait doublé en six ans. Et si le salaire reste bien moins élevé que dans l'Hexagone, les progressions de carrière sont, elles, bien plus rapides.
Un impôt prélevé à la source
Les immigrés français travaillent principalement dans les secteurs tertiaire, touristique et industriel. Ils vivent majoritairement dans des villes comme Casablanca, Rabat ou Tanger. Ils restent au Maroc pendant environ trois ans.
Ils bénéficient du même code du travail et de la même fiscalité que les Marocains, et doivent le plus souvent prendre des assurances pour couvrir leurs problèmes de santé. Le site magrebemergent.com précise que «leur rémunération se fait en dirhams non convertibles et donc non transférables en France».
L'installation des Français a été soutenue et encouragée par l'Etat marocain et une convention fiscale a été signée entre les deux pays pour éviter la double imposition.
Un pont d'or pour les sociétés étrangères
La Maison des Français à l'étranger comptabilise quelque 500 entreprises françaises implantées au Maroc.
Les grands groupes comme les PME, n'échappent pas à la délocalisation au Maroc. Il faut dire qu'elles bénéficient de nombreux avantages incitatifs, comme des zones franches dans les villes, des procédures administratives simplifiées et une fiscalité flexible, qui leur permettent de s'installer. Le faible coût du travail (smic horaire à moins d'un euro, semaine de 44 heures, faibles charges sociales), la stabilité politique et la proximité avec la France séduisent les investisseurs.
C'est ainsi que Renault a inauguré la phase II de son usine low cost dans la zone franche de Tanger, le 8 octobre 2013. Le salaire mensuel moyen évoqué au moment de l'inauguration était de 250 euros. Selon le directeur du site, Tunç Basegmez, «un opérateur de 24-25 ans formé chez nous touche 15% de plus par rapport au salaire moyen de la région».
14/10/2013, Catherine Le Brech
Source : francetvinfo.fr