dimanche 24 novembre 2024 20:54

Le pape se rend sur l'île de Lampedusa « pour pleurer les morts »

Le pape François doit se rendre lundi 8 juillet dans cette île italienne, où des milliers de migrants débarquent chaque année pour tenter d'entrer en Europe.

Arrivé à l'aéroport de Lampedusa, lundi 8 juillet, le pape François se rendra en voiture à Cala Pisana, d'où il embarquera pour rejoindre le port de Lampedusa par la mer. Après la traversée, durant laquelle il sera accompagné de pêcheurs qui le suivront en barque, il saluera des groupes de migrants et célébrera une messe à 10 heures.

Le maire de la ville, Giuseppina Nicolini, sera le seul élu à accompagner François : le ministre de l'intérieur n'a pas été convié, ni aucune autre personnalité politique. Le Saint-Siège insiste sur la forme « très modeste » de la visite papale, dépouillée de tout protocole.

Le déplacement a été annoncé par le Saint-Siège le 1er juillet, après le récent naufrage d'une embarcation transportant des immigrés africains, dont sept ont trouvé la mort. Selon son entourage, le drame a « profondément touché » le pape.

Quelle signification donner à cette visite ?

Geste fort : le pape François a prévu de lancer au large une couronne de fleurs, à la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie en mer. Le pape se rend à Lampedusa « pour pleurer les morts », a insisté début juillet son secrétaire particulier, Mgr Alfred Xuereb, auprès d'un groupe de journalistes. « Sa présence est un signe pour montrer que, tandis qu'au Nord, des riches gaspillent, certains, au Sud, laissent tout pour tenter leur chance, et souvent trouver la mort », a-t-il poursuivi.

« Le Christ est présent sur l'île, à travers ceux qui y arrivent mais aussi dans la population locale qui les accueille », a déclaré dans L'Osservatore Romano le cardinal Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants. Un message directement adressé aux 6 000 habitants qui vivent sur cet îlot sicilien d'une vingtaine de kilomètres carrés.

Le Saint-Siège souligne que la situation que connaît Lampedusa ne peut pas être considérée « seulement comme une urgence ». « Les gens vont continuer à s'échapper de l'Afrique, de la famine et de la violence. Ce n'est pas un problème de police mais une question d'accueil », juge Mgr Francesco Montenegro, l'évêque d'Agrigente, seul évêque présent aux côtés du pape ce lundi matin.

Quelle est la situation à Lampedusa ?

L'île italienne se trouve à moins de 170 km de la Tunisie et à 355 km de la Libye. Entre janvier et juin 2013, près de 8 000 personnes ont accosté ici, la plupart du temps après une traversée dangereuse dans des embarcations de fortune. Les places y sont chèrement monnayées par des passeurs. Début juillet, 227 personnes ont à nouveau été repérées à 70 mille nautique (130 km) de l'île. 440 migrants étaient présents au centre d'accueil. En tout, les traversées ont provoqué 20 000 morts en vingt-cinq ans.

L'entourage du pape souligne que « Lampedusa n'est pas une frontière perdue mais une porte de l'Europe ». « L'île est l'une des brèches du système d'une Europe extrêmement clôturée », analyse Étienne Piguet, professeur à l'université de Neuchâtel (Suisse) et spécialiste de l'immigration. Selon le chercheur, le lieu est devenu un symbole de l'attrait de l'Europe après avoir été placé sous le feu des projecteurs des médias du monde entier. « On y a vu ces personnes parquées dans des camps. Elles sont pour la plupart refoulées. »

Il n'en demeure pas moins que Lampedusa étant situé sur le territoire européen, tout migrant y posant le pied a le droit d'y déposer une demande d'asile et de faire examiner sa situation. « C'est le paradoxe des lieux », poursuit le chercheur, qui affirme que le problème est « très loin d'être résolu ».

7/7/2013, LOUP BESMOND DE SENNEVILLE

Source : La Croix

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