dimanche 24 novembre 2024 20:35

Les immigrés âgés, nouveau chantier social ouvert par le Parlement

Longtemps ignorée, la question des immigrés âgés qui choisissent de demeurer en France après leur retraite, appelés aussi les chibanis - anciens en arabe- revient sur le devant de la scène politique.

800 000. C'est le nombre d'immigrés de plus de 55 ans résidant en France. Pour la première fois, une mission parlementaire, présidée par le député UMP, Denis Jacquat, leur est consacrée. L'objectif: mieux connaître les difficultés sociales, sanitaires ou culturelles auxquelles ils sont souvent confrontés.

La majorité d'entre eux, arrivée pendant les Trente Glorieuses, vit "dans la précarité la plus totale: faible pensions de retraite, accès aux droits défaillants, conditions de logement indignes, santé précaire et dépendance précoce, solitude et isolement", commente Claude Bartolone, président PS de l'Assemblée nationale. Et ce, alors qu'ils ont donné "leurs bras et leur jeunesse à la France", souligne le parlementaire.

Les immigrés âgés ont donné leur bras et leur jeunesse à la France

La disposition phare: une carte de résident permanent

Fort de ce constat, la mission parlementaire annonce 82 propositions pour améliorer les conditions d'accès aux droits sociaux, aux soins, au logement... "Leurs ressources sont bien inférieures à celles de la population non immigrée: 700 euros de pension de retraite pour les immigrés quand le régime général d'une carrière complète d'un Français s'élève à 1000 euros", rappelle Alexis Bachelay, rapporteur de la mission.

L'étude a également permis de tordre le coup à l'idée reçue selon laquelle la majorité de ces migrants âgés retourne dans leur pays d'origine - le Maroc et l'Algérie pour plus de la moitié d'entre eux - pour couler de vieux jours. Pour les aider dans leurs démarches administratives, le rapport suggère de donner automatiquement une carte de résident permanent aux étrangers ayant procédé au moins deux fois au renouvellement de leur carte de résident ..

Une circulaire du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls mise en place le 25 juin, a devancé le rapport. Elle prévoit que lorsqu'un étranger sollicitant le renouvellement de sa carte de résident est âgé de plus de 60 ans, ou lorsqu'il s'agit d'un deuxième renouvellement, une carte de résident permanent doit lui être octroyée.

Le rapport propose également d'octroyer la nationalité française "aux étrangers ascendants de Français et présents sur le territoire depuis 25 ans au moins".

Les pouvoirs publics ont un devoir encore plus grand envers ces gens discrets

Ne souhaitant pas éluder les questions qui tournent autour de la fin de vie, François Lamy, ministre délégué chargé de la Ville, a souhaité encourager la construction de "carrés musulmans à l'intérieur des cimetières". Avec 5 à 7 millions de personnes, la France est le pays européen qui compte le plus grand nombre de musulmans. Mais faute de place dans les carrés musulmans, 80% des défunts sont aujourd'hui inhumés dans leur pays d'origine.

Pour Alexis Bacheley, ses mesures ne sont qu'un juste retour des choses pour ces populations qui ont participé au dynamisme économique de la France. Les pouvoirs publics ont un "devoir encore plus grand" vis-à-vis de ces immigrés, public extrêmement discret. "Ce sont des gens qui sont très pudiques, ce ne sont pas des gens qui revendiquent quoi que ce soit, beaucoup ne réclament pas leurs droits, se contentent de ce qu'on leur donne", dit-il.

03/07/2013, Alice Cazin

Source : L'Express

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